“La Chine a l’air de commencer à s’en sortir”, a-t-on beaucoup entendu ces derniers jours, avant que les autorités annoncent sept décès supplémentaires liés au Covid-19 et de nouvelles infections. Toutefois, comme l’expliquent les experts, notamment ceux de l’Imperial College de Londres, l’Etat chinois a mis en place des mesures dont l’Europe est encore loin. Outre le confinement total et la détection systématique des cas, le contrôle des populations a permis de prévenir toute personne qui aurait été en contact avec un malade sans le savoir. Chacune de ces personnes a été mise en quarantaine totale. Celles arrivant aujourd’hui en Chine peuvent aller en prison si elles essayent de s’y soustraire. A Hong Kong, les voyageurs venant de l’étranger doivent porter un bracelet électronique relié à leur téléphone portable. Afin de juguler l’épidémie en Europe, plusieurs ingénieurs travaillent à des solutions similaires à mettre en place chez nous.
Un développeur français travaille notamment à développer une application mobile capable de repérer les personnes à risque grâce à la géolocalisation. Comment cela fonctionnerait-il ? Si vous contractez le virus, vous pouvez le déclarer en ligne. Grâce à votre téléphone, l’application remontera tous vos déplacements et préviendra les personnes ayant croisé votre chemin. Ces informations seront effacées au bout de 14 jours, soit la fin estimée de la période d’incubation de la maladie, promet le concepteur.
Autre pays ayant déjà utilisé ce genre d’outils dans la lutte contre le Covid-19 : la Corée du Sud, qui a le plus bas taux de mortalité parmi les pays touchés. Là-bas, environ 15 000 personnes sont testées chaque jour et reçoivent ensuite le résultat en à peine 24 heures par SMS. Les données personnelles des malades sont ensuite mises en ligne sur le site Coronamap et consultable par l’ensemble de la population.
L'inquiétude de possibles dérives
Ainsi, il est possible de vérifier, en temps réel, où sont les porteurs du Covid-19 et s'ils se déplacent. Les personnes contaminées depuis moins de 24 heures sont représentées par un point rouge, celles qui le sont de 24 heures à quatre jours par un jaune et celles qui le sont depuis neuf jours par un vert. Ces données proviennent d'images de vidéo-surveillance, de l'analyse de cartes bancaires ou des téléphones des malades. Les patients refusant de partager leurs informations risquent jusqu’à deux ans de prison. Si ce système a fait ses preuves et rassure de nombreux citoyens, il est donc quelque peu étonnant pour une démocratie.
En France, de nombreuses personnes craignent également que certaines mesures mises en place pour lutter contre l’épidémie n’empiètent sur les libertés publiques. Saisi par le ministre des solidarités et de la Santé, le Comité consultatif nation d’éthique (CCNE) rappelle “le danger qu’il y aurait à étendre ces mesures contraignantes au-delà de ce qui serait nécessaire à la lutte contre l’épidémie ou à cause d’une conception inadaptée du principe de précaution.”
Le 22 mars, le Parlement a adopté un texte “d'urgence pour faire face à l'épidémie de Covid-19”. Publié le 24 mars 2020 au Journal officiel, ce dernier prévoit ce nouveau régime d'“état d'urgence sanitaire”. “En cas de menace sanitaire grave appelant des mesures d’urgence, notamment en cas de menace d’épidémie, le ministre chargé de la santé peut, par arrêté motivé, prescrire dans l’intérêt de la santé publique toute mesure proportionnée aux risques courus et appropriée aux circonstances de temps et de lieu”, stipule notamment l’article L. 3131-1 de la loi du 5 mars 2007.