Comme son nom l’indique, la trisomie 21 est une anomalie chromosomique responsable de la présence de 3 exemplaires (au lieu de 2) du chromosome 21 dans chaque cellule de l’organisme. Elle concerne près de 70 000 personnes en France et 1 naissance sur 2000. Elle se manifeste par des malformations et un retard cognitif. Si l’espérance et la qualité de vie des personnes trisomiques ont aujourd’hui beaucoup progressées, il n’est jusqu’ici pas possible de remédier à la présence de ce chromosome surnuméraire.
Selon une étude publiée cette semaine dans la revue Nature, des chercheurs américains et canadiens viennent peut-être de faire le premier grand pas vers une thérapie chromosomique de la trisomie 21. In vitro, ils sont parvenus à désactiver partiellement la copie de trop en imitant un mécanisme typiquement féminin. Chez les femelles mammifères en effet, le gène Xist permet de rendre muette la 2e copie du chromosome X, évitant ainsi la surdose de protéines qui seraient toutes fabriquées en double par rapport aux hommes qui n’ont qu’un seul chromosome X et un Y. C’est ce gène Xist que les chercheurs ont isolé et inséré dans l’un des trois chromosomes 21 des cellules souches d’un patient trisomique. Résultat ? Le chromosome surnuméraire a bien été transformé en « corpuscule de Barr », le nom biologique de cette forme muette et l’activité des gènes qu’il porte a été très réduite.
Il ne s’agit pour le moment que de la démonstration in vitro d’un concept très prometteur. Mais les chercheurs ont annoncé poursuivre leurs travaux in vivo chez la souris. Là où la thérapie génique permet d’inactiver certains gènes ou d’en remplacer une copie malade par une copie fonctionnelle, cette thérapie chromosomique pourrait demain neutraliser un chromosome entier. Et les scientifiques espèrent pouvoir affiner la technique en désactivant la 3e copie du chromosome préférentiellement dans les cellules où il semble le plus préjudiciable, par exemple les neurones. Elle pourrait être très prometteuse également pour lutter contre les autres formes de trisomie, sur les chromosomes 13 et 18 notamment, qui entrainent pour le moment le décès de l’enfant à quelques semaines ou in utero.