- La solidarité au sein d'un groupe social a un impact sur l'espérance de vie
- D'autres facteurs comme l'alimentation ou l'hygiène de vie jouent un grand rôle dans la longévité
La longévité est un sujet qui fascine les chercheurs. Pourtant, si la plupart s’intéressent surtout aux facteurs personnels pouvant avoir des effets sur l’espérance de vie d’un individu, la communauté a également un rôle à jouer, révèle une nouvelle étude parue dans la revue Social Science & Medicine.
Pour leur étude, les chercheurs se sont appuyés sur les données provenant de 3 000 comtés américains, en examinant les variations de l'espérance de vie entre 1980 et 2014. Ils ont développé une méthodologie statistique pour tenir compte des différents facteurs pouvant affecter l’espérance de vie pour tenter de donner une image aussi précise que possible de l’effet des caractéristiques communautaires seulement.
“Lorsque nous avons contrôlé l'espérance de vie historique, nous avons trouvé trois facteurs communautaires qui exercent chacun un effet négatif important — un plus grand nombre de restaurants à service rapide, une plus grande densité de population et une plus grande part d'emplois dans les mines, les carrières et l'extraction de pétrole et de gaz”, notent les scientifiques.
L’importance de la cohésion sociale
En revanche, un meilleur accès aux soins et des niveaux élevés de cohésion sociale sont associés à une espérance de vie plus longue. “Les endroits où les résidents se serrent davantage les coudes au niveau communautaire ou social semblent également mieux [...] aider les gens, en général, à vivre plus longtemps”, explique Stephan Groatz, professeur d'économie agricole et régionale au Penn State College (Etats-Unis), et co-auteur de l'étude.
Aux Etats-Unis, si l’espérance de vie devrait augmenter dans l’absolu au cours de ces quarante prochaines années, le rythme devrait être beaucoup plus lent que dans d’autres pays, estiment les experts. Si ces prévisions sont exactes, le pays devrait perdre 21 places dans le classement mondial de l'espérance de vie, passant de leur 43e à leur 64e place actuelle. Par ailleurs, de grandes disparités sont observées selon les différentes régions.
“L'espérance de vie américaine a récemment diminué pour la première fois depuis des décennies, et nous avons voulu explorer les facteurs qui contribuent à ce déclin. En raison des variations régionales de l'espérance de vie, nous savions que les facteurs communautaires devaient avoir leur importance. En analysant les facteurs liés au lieu aux côtés des facteurs personnels, nous avons pu tirer plusieurs conclusions sur les caractéristiques communautaires qui contribuent le plus fortement à cette variation de l'espérance de vie”, commente la docteure Elizabeth Dobis, autrice principale de cette étude.
Etablir des politiques en conséquence
En conclusion, les chercheurs espèrent que les autorités prendront en compte ces résultats et adapteront leurs politiques en conséquence. Les décideurs doivent comprendre les facteurs de déclins relatifs à l’espérance de vie, sur le plan individuel et communautaire, s’ils veulent empêcher son déclin continu, rappellent-ils.
Cette étude a toutefois quelques limites. En effet, si elle établit des associations claires entre les caractéristiques d’une communauté et l’espérance de vie, on ignore encore pourquoi ou comment celles-ci affectent la longévité, ni comment elles pourraient interagir avec d'autres facteurs.
De nombreux facteurs en jeu
D’innombrables choses peuvent jouer. Il a notamment été prouvé que les femmes vivaient en général plus longtemps que les hommes en raison de leurs chromosomes. Récemment, des scientifiques ont également découvert des biomarqueurs génétiques pour expliquer la longévité de certains tandis que d’autres croient aux bienfaits de l’optimisme par dessus tout.
Il a aussi été démontré à maintes reprises que le mode de vie jouait énormément dans la durée de vie. Dans les zones bleues, soit des régions du monde où l’on recense un taux record de nonagénaires et de centenaires en excellente santé (Barbagia en Sardaigne, l’archipel d’Okinawa est au Japon, la péninsule de Nicoya au Costa Rica, l’île d’Ikaria en Grèce et Loma Linda en Californie), les populations ont pour habitude de manger peu de viande et beaucoup de légumes, cultivés à la maison. L’activité physique compterait également pour beaucoup dans la longévité exceptionnelle des habitants de ces endroits, tout comme des liens sociaux forts, une faible exposition à la pollution et bien évidemment, pas d’abus d’alcool ni de te tabac.