Dans l'Hexagone, il y a 32 964 cas de coronavirus diagnostiqués et 1 995 décès. Il s'agit du dernier bilan, dressé le 26 mars à 19 heures, par Santé publique France sur l'évolution de la pandémie de Covid-19 dans l'Hexagone. Malgré leur caractère officiel, ces chiffres sous-estiment largement la réalité.
En effet, pour son recensement, l'Agence nationale de santé publique s'appuie uniquement sur les données qui lui sont transmises par les hôpitaux et les laboratoires d'analyses biologiques de ville. En d'autres termes, seules les personnes ayant fait l'objet d'un test de dépistage du coronavirus sont comptabilisées.
Des tests de dépistage destinés seulement à certains cas
Le problème : l'utilisation de ces tests est extrêmement restreinte. Le gouvernement indique que seules les personnes montrant des “signes de gravité et des symptômes évocateurs” de la maladie peuvent en faire l'objet, de même que les professionnels de santé, les patients hospitalisés et les individus fragiles ou à risques présentant des “symptômes évocateurs” du virus.
Sont également concernés par les dépistages les donneurs d’organe, de tissus ou de cellules souches hématopoïétiques, ainsi que les trois premiers individus “présentant des symptômes évocateurs du Covid-19 dans les structures collectives hébergeant des personnes fragiles”.
Les cas “possibles” ou “probables” boudés par le bilan officiel
Les personnes qui ne correspondent pas aux critères énumérés ci-dessus passent donc entre les mailles du filet et sont distinguées des “cas confirmés”. Elles relèvent des “cas possibles”, ou “probables”, qui ne sont pas pris en compte par Santé publique France dans son bilan.
De fait, l'Agence nationale de santé publique considère que “toute personne présentant des signes cliniques d'infection respiratoire aiguë dans les 14 jours suivant un contact étroit avec un cas confirmé”, est un “cas probable”. “Toute personne présentant des signes cliniques d'infection respiratoire aiguë avec une fièvre ou une sensation de fièvre, ayant voyagé ou séjourné dans une zone d'exposition à risque dans les 14 jours précédant la date de début des signes cliniques”, ou “présentant une pneumonie” ou des “signes de détresse respiratoire aiguë” relève du “cas possible”.
Un “suivi quotidien de la mortalité” à venir dans les Ehpad
Autre paramètre non négligeable : le bilan ne prend en compte que les personnes décédées “en milieu hospitalier". Le professeur Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, s'est exprimé à ce sujet mardi 24 mars sur BFMTV. Il ainsi reconnu que les décès du bilan “ne représentent qu'une faible part de la mortalité" en France.
“Les deux principaux lieux de décès sont l'hôpital et les Ehpad", a indiqué le médecin infectiologue en annonçant la mise en place d'un “suivi quotidien de la mortalité” dans les établissements pour personnes âgées “dans les tout prochains jours”.
Certains Ehpad dressent leur propre bilan
S'il est pour l'instant difficile d'estimer le nombre total de personnes décédées des suites du coronavirus dans les Ehpad, plusieurs établissements dressent leur propre bilan. Lundi 23 mars, la résidence d’accueil et de soins Le Couarôge, à Cornimont (Vosges), dénombrait 21 morts dues au Covid-19, tandis que l'Ehpad Le Bosquet de la Mandallaz, à Sillingy (Haute-Savoie), en comptabilisait sept. Le lendemain, l'Ehpad Vill'Alizé de Thise (Doubs) comptait 15 décès.
Enfin, la fondation Rothschild, à Paris, recensait 16 décès liés au Covid-19 le mercredi 25 mars, de même que l’Ehpad Le Chêne, à Saint-Dizier (Haute-Marne). Outre le nombre de morts en Ehpad, un autre chiffre est extrêmement difficile à estimer : celui des personnes décédées à domicile, qui, pour l'heure, ne figurent pas dans le bilan officiel.