Et si la véritable menace pandémique était ailleurs ? En cette période de Ramadan et de pèlerinage à La Mecque toutes les autorités sanitaires sont focalisées sur le risque pandémique que constitue le nouveau coronavirus. Pourtant, deux études chinoises publiées récemment et relayées par l'Agence presse médicale suggèrent que le risque de dissémination interhumaine du nouveau virus de grippe de type H7N9 qui a sévi au printemps 2013 en Chine pourrait être important.
Une étude parue ce vendredi dans Science relate en effet les travaux de Qianyi Zhang de l'Institut vétérinaire de Harbin et de ses collègues. Cette équipe de chercheurs a étudié de nombreux échantillons viraux prélevés chez des animaux et chez des personnes infectées. Et les résultats rapportés sont surprenants ! Après analyse, les scientifiques ont constaté que « ces virus étaient très proches, mais, alors que les virus prélevés chez les oiseaux n'étaient pas pathologiques chez la souris, ceux prélevés chez les humains ont entraîné une maladie chez ces animaux », écrivent-ils. Encore plus inquiétant, lors des tests chez le furet (modèle animal le plus proche de la grippe humaine), les chercheurs ont découvert que l'infection par le virus transporté par gouttelettes respiratoires était possible et ont observé dans un cas une transmission entre animaux. Conclusion des chercheurs, « cela suggère une possibilité de dissémination dans la population humaine ».
Mais, ce ne sont pas les seuls éléments préocupants de cette recherche, car l'équipe de Qianyi Zhang confirme une nouvelle fois que le virus H7N9 ne donne aucune pathologie chez les oiseaux infectés. Cela « lui permet de se répliquer silencieusement dans les espèces aviaires, avant d'infecter l'homme », s'inquiètent les chercheurs.
Enfin, dans la seconde étude publiée il y a quelques jours dans la revue Nature, Jiangfang Zhou de l'Institut national de contrôle de maladies virales à Pékin et ses collègues ont constaté que le virus avait une plus grande affinité pour le récepteur de la grippe de l'homme que pour le récepteur aviaire, « cette donnée augmente là encore la transmissibilité à l'homme », précise l'auteur de l'étude.
En dernier lieu, cette équipe s'est intéressée à l'immunité de la population. Et comme ce virus n'était jusqu'à ici pas présent chez l'homme, les chercheurs ont remarqué qu'il n'y avait pas dans la population chinoise d'immunité pré-existante, ni de réaction croisée avec des anticorps induits par la grippe saisonnière. « Le potentiel pandémique d'H7N9 ne devrait pas être sous-estimé et une surveillance intensive doit être entreprise », concluent-ils. L'épidémie de grippe H7N9 qui a débuté en février en Chine tue un patient sur 3. Sur 132 personnes touchées, 43 sont décédées.