L’infarctus ou crise cardiaque est le plus souvent dû à la présence d’un caillot sanguin obstruant une artère coronaire. Quand le flux sanguin est ralenti ou bloqué, le tissu musculaire cardiaque ne reçoit plus assez d’oxygène et se nécrose. Cette atteinte des tissus empêche le cœur de fonctionner correctement, ce qui peut entraîner des crises cardiaques. En France, 150 personnes en décèdent chaque jour. Celles qui survivent souffrent d’anxiété et de douleurs thoraciques dans les jours qui suivent. Qui plus est, un individu ayant déjà subi une crise cardiaque a souvent plus de risque d’en connaître une nouvelle ou d’être atteint d’une maladie cardiovasculaire. Toutefois, d’après une nouvelle étude, écouter 30 minutes de musique par jour peut réduire considérablement le risque de récidive. Les résultats de ces recherches ont été publiés le 18 mars par l’American College of Cardiology.
Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs ont suivi 350 personnes ayant subi une crise cardiaque et souffrant d'angine de poitrine post-farctus, pendant sept ans. Au cours de cette période, la moitié des participants a reçu un traitement traditionnel seulement et l’autre trente minutes de musicothérapie par jour en plus.
Dans ce groupe, les chercheurs ont fait écouter à chacun des clips de trente secondes de différents types de musique afin d’identifier quel genre apaisait la personne en fonction de la dilatation de ses pupilles. Après quoi, les scientifiques ont travaillé avec chaque participant pour sélectionner le tempo et la tonalité les plus relaxants pour lui. Ils ont ensuite demandé aux volontaires d’écouter cette musique pendant trente minutes par jour, à n'importe quelle heure mais de préférence les yeux fermés dans un environnement calme, et de raconter leur expérience dans un journal de bord.
Une solution facile et peu coûteuse à mettre en œuvre
Les chercheurs ont suivi les deux groupes pendant trois mois au cours de la première année de l’étude puis une fois par an le reste du temps. A la fin de l’expérience, ils ont pu constater que les personnes qui avaient bénéficié d’une thérapie médicale en plus des traitements classiques avaient moins tendance à ressentir de l’anxiété et des sensations de douleur. Dans le détail, le groupe soumis à la musicothérapie présentait un tiers d’anxiété et un quart de douleur angieuse au moins que l’autre. Qui plus est, les personnes traitées par la musique étaient moins susceptibles de souffrir de problèmes cardiaques : -18% d’insuffisance cardiaque, -23% de crises cardiaques, -20 % de besoins en pontage coronarien et- 16 % d'incidence de décès cardiaque.
“Une anxiété non soulagée peut produire une augmentation de l'activité du système nerveux sympathique, entraînant une augmentation de la charge de travail cardiaque, explique le professeur Predrag Mitrovic, de la faculté de médecine de l'université de Belgrade (Serbie). Sur la base de nos conclusions, nous pensons que la musicothérapie peut aider tous les patients après une crise cardiaque, et pas seulement les patients souffrant d'angine de poitrine post-farctus précoce. Elle est également très facile et peu coûteuse à mettre en œuvre”, poursuit-il.
A l’avenir, ses collègues et lui souhaiteraient étudier les effets spécifiques de la musicothérapie sur les participants de différents âges et sur ceux ayant d’autres problèmes de santé.
Cette étude n’est pas la première à prouver les bienfaits de la musique sur la santé cardiovasculaire des humains. En novembre dernier, une étude parue dans la revue Complementary Therapies in Medicine montrait par exemple qu’écouter de la musique en conduisant permettrait de diminuer le stress cardiaque. D’autres chercheurs ont également remarqué que la musique permettait de réduire l’anxiété de patients lors de certaines procédures d’anesthésie locale. D’après eux, écouter une chanson aiderait les gens à se détendre avec la même efficacité que s’ils avaient été médicamentés. Et contrairement aux sédatifs, la musique n'entraîne aucun effets secondaires!