- 10% des enfants autistes ont appris à lire par eux-mêmes avant d'entrer à l'école
- Une étude canadienne de 2011 montre une activité moindre du cortex frontal (prise de décision, planification) chez les autistes
- L'activité des régions temporales du cerveau (perception, reconnaissance des objets) est supérieure chez les autistes
L'autisme se caractérise par un trouble du développement qui entrave les interactions sociales, la communication et le comportement. On parle alors de détachement pathologique de la réalité. Les personnes autistes sont souvent isolées, repliées sur elles-mêmes, “dans leur monde”. Si l'on évoque souvent ces anomalies, il est important de rappeler que nombre d'entre elles possèdent également des aptitudes sensorielles inhabituelles, une logique ultra développée et un sens de l'observation affiné.
Une “intelligence singulière”
Une méta-analyse de 15 années de recherche sur les fonctions cérébrales des personnes autistes menée à l'université de Montréal (Canada) en 2011, a révélé que “leurs régions temporales et occipitales démontrent davantage d'activité” que chez les personnes non autistes. “Ces régions sont traditionnellement engagées dans la perception et la reconnaissance des objets”, expliquaient les chercheurs. A l'inverse, l'activité de leur cortex frontal, qui assure “les fonctions cognitives supérieures, comme la prise de décision, le contrôle cognitif, la planification et l'exécution” était moindre que celle des personnes non autistes.
L'autisme est “une intelligence singulière”, écrivaient Isabelle Soulières, professeure au Département de psychologie de l'université de Montréal et Laurent Mottron, professeure au département de psychiatrie, dans leur article L'intelligence singulière des autistes, paru dans le magazine français La Recherche en mars 2019. “Ces enfants sont capables de se représenter l'espace, comme l'espace 3D dans les jeux vidéo. Ils pensent et raisonnent davantage avec des images qu'avec des mots et sont capables de retenir par cœur des horaires d'autobus, ou encore des textes lus ou entendus”, explique la chercheuse.
Des capacités intellectuelles supérieures
Concernant la forme d'autisme Asperger, Isabelle Soulières raconte avoir “connu un jeune autiste qui connaissait sur le bout des doigts l'histoire des dynasties chinoises. Les enfants Asperger ont une bonne diction et un vocabulaire parfois recherché, qui détonnent par rapport à d'autres enfants de leur âge.”
En outre, ils ne souffrent pas d'une déficience intellectuelle, mais sont dotés d'une toute autre intelligence. Il n'est pas rare que les enfants autistes mémorisent les lettres et les chiffres à un âge précoce, ou soient en mesure de faire un puzzle réservé à un âge plus avancé. “Au moins 10 % des autistes apprennent à lire par eux-mêmes avant d'entrer à l'école.”
Des recherches restent encore nécessaires pour approfondir ces connaissances, mais “on tend de plus en plus à croire que les études surestiment la prévalence de la déficience intellectuelle” et que les habiletés intellectuelles des autistes sont bien réelles.