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Coronavirus : la mère peut-elle transmettre le virus à son bébé in utero?

Le Covid-19 peut il se transmettre au bébé in utero ? Des chercheurs du monde entier tentent de répondre à cette question et se disputent les probabilités. La dernière étude publiée à ce sujet suggère que c'est possible. On fait le point.

Coronavirus : la mère peut-elle transmettre le virus à son bébé in utero? Cosmin4000/iStock




Un nouveau-né a été testé positif au Covid-19 au Royaume-Uni. Sa mère avait été admise à l’hôpital North Middlesex, près de Londres, quelques jours avant son accouchement pour une pneumonie, mais on ignore si le virus a été transmis au bébé in utero où après sa venue au monde. La mère peut-elle transmettre le virus à son bébé pendant la grossesse ?

Si les avis divergent à ce sujet, une récente étude publiée dans la revue Jama Pediatrics suggère que c'est possible. Des chercheurs chinois ont suivi 33 femmes enceintes infectées par le covid-19 à l'hôpital pour enfants de Wuhan, en Chine, où l'épidémie s'est déclarée. Trois bébés de sexe masculin sont venus au monde par césarienne et ont été testés positifs au lendemain de leur naissance. “Le symptôme le plus courant était l'essoufflement et concernait 4 des 33 nouveau-nés”, précisent les chercheurs.

Les symptômes au cas par cas

Le premier bébé testé positif est né à 40 semaines de grossesse. L'accouchement a été effectué par césarienne en raison d'un liquide amniotique plein de méconium (excrément accumulé dans les intestins du foetus) et d'une pneumonie maternelle due au Covid-19. Le lendemain, le nourrisson a souffert de léthargie (fatigue intense) et de fièvre et a été transféré à l'unité de soins intensifs néonatals. Le bébé souffrait d'une pneumonie : “Les prélèvements nasopharyngés et anaux étaient positifs pour le SRAS-CoV-2 aux jours 2 et 4 de la vie du bébé et négatifs au jour 6.” 

Le deuxième bébé est né à 40 semaines et 4 jours de gestation et par césarienne, également à cause d'une pneumonie maternelle due au Covid-19. Il a présenté une léthargie, des vomissements et de la fièvre. Les examens ont montré une leucocytose (augmentation anormale du nombre de globules blancs dans le sang), une lymphocytopénie (qui indique une diminution de lymphocytes) et un taux élevé de créatine kinase (une enzyme présente dans les muscles). Il souffrait également d'une pneumonie et comme le premier, “les prélèvements nasopharyngés et anaux étaient positifs pour le SRAS-CoV-2 aux jours 2 et 4 de la vie et négatifs au jour 6.”

Enfin, le troisième bébé est né prématurément à 31 semaines en raison d'une souffrance fœtale (une diminution de son oxygénation). Il a vu le jour par césarienne à cause également d'une pneumonie maternelle due au virus et a nécessité une réanimation. Il souffrait “de détresse respiratoire et d'une pneumonie confirmés par une radio thoracique, lesquels ont été guéris le 14e jour de vie après un traitement par ventilation non-invasive, caféine et antibiotiques”, écrivent les chercheurs.

Dans la mesure où des procédures strictes de contrôle et de prévention des infections ont été mises en place pendant l'accouchement, il est probable que les sources de SRAS-CoV-2 dans les voies respiratoires supérieures ou dans les anus des nouveau-nés étaient d'origine maternelle”, concluent les chercheurs. Cependant, une probabilité n'est pas une certitude et nombre d'experts ont réagi à cette publication sur Science Media Centre.

Une étude jugée peu concluante par de nombreux experts

Le docteur Pat O’Brien, consultant obstétricien et vice-président du Collège royal des obstétriciens et gynécologues (Royaume-Uni), affirme que “cette étude ne peut pas confirmer la façon dont les trois bébés ont contracté le virus et nous notons que le premier test pour les trois bébés n'a été effectué qu'au deuxième jour de vie, ce qui augmente la possibilité qu'une infection se soit produite après la naissance. Néanmoins, concède-t-il, il est possible qu'une infection se soit produite in utero, mais cette étude n'est pas concluante.”

La docteure Erica Watson, maître de conférences en biologie de la reproduction à l'université de Cambridge (Royaume-Uni), rappelle que “plusieurs autres études ont exclu la transmission de Covid-19 dans l'utérus, dont l'une a révélé que le sang du cordon ombilical (le sang du bébé) et le liquide amniotique (le liquide qui entoure le bébé dans l'utérus) avaient été testés négatifs. D'après les preuves disponibles à ce jour, il est peu probable que Covid-19 puisse se contracter dans l'utérus et il est donc peu probable que des bébés naissent avec l'infection.” 

Une opinion que la docteure Elizabeth Whittaker, consultante en maladies infectieuses pédiatriques à l'hôpital St Marys Paddington partage également : “Il n'y a toujours pas de preuve concluante attestant que le virus puisse être contracté dans l'utérus et il est plus probable que les nourrissons aient été exposés lors de l'accouchement ou immédiatement après.”

Cependant, précise-t-elle, “cette étude fournit des informations rassurantes aux femmes enceintes qui accoucheront pendant la pandémie", notamment parce que "deux des trois bébés sont nés à terme et ont développé des symptômes bénins qui ont disparu en quelques jours sans nécessiter d'intervention médicale importante. Le troisième est né prématurément et bien qu'il ait été testé positif, il a suivi l'évolution clinique prévue pour la plupart des nourrissons nés à 31 semaines de gestation avec de bons résultats.”

Une mauvaise période pour tomber enceinte ?

Dans l'une de nos émissions, le professeur Jean-Michel Ayoubi, chef de service de gynécologie obstétrique à l'hôpital Foch, à Suresnes, confirmait également qu'aucune donnée scientifique ne permettait à ce jour d'établir un lien de transmission in utero. “Quelques publications évoquent le risque d'accouchement prématuré ou la possibilité de malformation au premier trimestre, mais il s'agit d'informations parcellaires basées sur quelques expériences par-ci par-là”, avait-il déploré. 

Néanmoins, comme une probabilité demeure incertaine, il recommandait aux femmes testées positives d'éviter de tomber enceinte. “Il est en effet préférable qu'une femme positive au test du Covid-19, durant une période donnée, évite une éventuelle grossesse. Comme vous le savez, l'Agence de biomédecine et les centres de PMA en France ont arrêté l'assistance médicale à la procréation jusqu'à nouvel ordre” par mesure de précaution.

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