La plus jeune victime du coronavirus en France à ce jour était âgée de 16 ans. Julie a pourtant été testée deux fois négative au Covid-19, avant qu'un troisième test ne confirme qu'elle avait bien été infectée par le virus. Comment et pourquoi les résultats des tests ne sont-ils pas fiables à 100% ?
Le prélèvement naso-pharyngé
Le dépistage du Covid-19 est rendu possible grâce à un test de biologie moléculaire dit PCR, qui consiste à réaliser un prélèvement naso-pharyngé avec un écouvillon (une sorte de grand coton-tige) inséré dans le nez. “Il faut enfoncer l'écouvillon jusque dans l'arrière-gorge, au-delà de la ligne des yeux. Il y a le risque de faire un peu pleurer le patient, de lui faire un peu mal, mais c'est presque un facteur de succès”, précise-t-on dans une vidéo du New England Journal of Medicine.
Pour que le test soit fiable, il est important que le prélèvement soit correctement réalisé. “C'est un geste technique, explique Nicolas Lévêque, chef du service de virologie du CHU de Poitiers. S'il est mal réalisé, il peut expliquer en bonne partie ce qu'on attribue par erreur à des ‘faux négatifs’.”
Outre la qualité du geste, il semblerait que le timing du dépistage soit également un facteur décisif. En effet, “le virus ne se trouve pas dans le nez tout au long des différentes phases de la maladie, expliquait récemment sur France Bleu le professeur Vincent Thibault, chef de service du laboratoire de virologie au CHU de Rennes. Sur 100 patients testés négatifs, il est probable que 30 % d’entre eux soient infectés par le virus, estime-t-il. Cela ne veut pas dire que le test n’est pas bon mais que nous cherchons le virus au mauvais endroit, là où il n’est pas à toutes les phases de la maladie.”
Il est même possible d'obtenir des résultats négatifs sur des patients en réanimation. “Dans une forme bien avancée de la maladie, c'est-à-dire après le cap du 7e ou 8e jour, l'infection entre dans les voies respiratoires basses”, confirme à Franceinfo Bruno Pozzetto, chef du service de virologie au CHU de Saint-Etienne.
Le lavage broncho-alvéolaire, la deuxième option
A ce stade, il est donc préférable de réaliser un lavage broncho-alvéolaire (LBA) par fibroscopie bronchique. Le LBA consiste à injecter un liquide physiologique chauffé à 37 °C dans les bronches et les alvéoles pulmonaires.
Cette solution va nettoyer les poumons et sera ensuite aspirée par le fibroscope pour être analysée. Cette méthode est largement utilisée pour dépister des maladies comme la tuberculose ou les pneumonies bactériennes. “C'est le prélèvement le plus noble et propre pour tester une infection pulmonaire, explique à nos confrères Bruno Pozzetto, car on est sûr qu'il ne sera pas pollué par la flore bactérienne présente dans le nasopharynx, les trachées et le début des bronches.”
Il est donc parfois nécessaire de chercher le virus ailleurs dans le corps, ce qui explique pourquoi des prélèvements dans le nasopharynx soient négatifs chez une personne infectée par le Covid-19. "Quand on prélève dans le nez, on trouve 40% de cas positifs, explique dans La Croix Anne Goffard, médecin virologue au CHU et à l’Institut Pasteur de Lille. Tandis que lorsqu’on prélève plus en profondeur, on en recense 80 %” chez les mêmes personnes.