“Mon mari ne se sentait pas bien en rentrant à la maison le premier jour de confinement. Il a vu un médecin en téléconsultation, qui a appelé le 15. Ils sont venus le chercher et l'ont transporté à l'hôpital de Montfermeil. Il a été hospitalisé au service de chirurgie à cause du manque de lit. Moi j'ai commencé à ressentir des symptômes le jour de son départ : j'avais constamment froid, je n'arrivais pas à me réchauffer, j'ai peu à peu perdu le goût et l'odorat, j'avais le nez qui coule, des courbatures, des vertiges et je toussais beaucoup.
“On a eu peur d'avoir contaminé des proches”
A l'hôpital, le personnel soignant a été rassurant, très présent et a dansé pour remonter le moral de mon mari. On lui a même dit qu'il avait de beaux yeux (rire). Les médecins l'ont testé à l'aide d'un écouvillon : il m'a raconté avoir eu si mal qu'il a fait un malaise à ce moment. Il avait de la fièvre, mais pas besoin d'assistance respiratoire, donc il est rentré à la maison au bout de deux jours avec un seul masque. Le personnel soignant l'a prévenu que nous étions sans doute tous infectés, mais qu'il était préférable qu'il reste confiné à domicile. Aujourd'hui, il va beaucoup mieux, mais il est resté au lit plusieurs jours. Il avait des vertiges dès qu'il se redressait, des courbatures, il était épuisé, faible et la fièvre allait et venait.
On a eu peur d'avoir contaminé des proches, moi j'ai vu mes belles-sœurs avant le confinement, mais heureusement aucune d'elles n'a été touchée. Mon mari a vu ses amis, c'est par le biais de l'un d'entre eux qu'il a été contaminé. Plusieurs de ses proches ont été infectés, mais ils restent confinés et il n'y a pas de cas grave heureusement.
J'ai 4 enfants : l'aîné souffre d'un handicap moteur et est scolarisé dans une école spécialisée. Nous faisons quelques exercices éducatifs et son école nous appelle 2 fois par semaine pour prendre des nouvelles. Les deux du milieu suivent des cours en ligne avec la maîtresse tous les jours. Le dernier a 3 ans et s'occupe en faisant du coloriage, des puzzles et des activités ludiques. Maintenant ça va mieux, mais ça a été difficile. Ils savaient que nous étions malades et même si j'essayais de maintenir le rythme, le programme, ils ont eu leur dose de télévision à ce moment-là (rire). Personne ne pouvait passer nous aider ou les prendre parce qu'ils étaient porteurs du virus aussi. Le plus jeune est asthmatique, il a beaucoup toussé et eu de la fièvre, mais maintenant il va mieux. Les autres ont souffert de maux de gorge.
“Un mouvement de solidarité s'est installé”
Nous avons un jardin, donc ils ont pu sortir prendre l'air quand il faisait beau. Ils ont pris l'habitude de sortir applaudir les personnels soignants tous les jours à 20h. La voisine du dessus, que nous connaissions à peine avant le confinement, ouvre les festivités chaque soir et le quartier la suit. Elle rit avec mes enfants depuis le balcon. Elle est au chômage partiel donc a proposé son aide à tout l'immeuble en cas de besoin.
Un mouvement de solidarité s'est installé. Les voisins et nos proches nous appellent pour savoir comment on va et nous laisse des courses devant la porte. Quand nous sommes tombés malades, des amis à nous ainsi que ma belle-sœur nous ont proposé de s'occuper de nos enfants dans le cas où nous serions hospitalisés avec mon mari. Ça m'a beaucoup touché. Le médecin qui avait appelé le 15 pour mon mari a pris de ses nouvelles par message pour suivre l'évolution de la maladie. Les maîtresses des enfants s'assurent aussi qu'ils vont bien.
Heureusement, j'avais anticipé et fait un stock important de médicaments pour mon aîné. Je devrais retourner à la pharmacie d'ici 3 jours. Les médecins nous ont dit que nous étions contagieux pendant environ 12 jours, les délais sont donc plus que respectés. Mais jusque-là, nous ne sommes pas sortis. Et pour cause. Je m'inquiète pour les personnes fragiles (âgées et/ou déjà malades, NDLR), car nous, nous étions en bonne santé et le virus nous a mis K-O. Alors je n'imagine pas l'état de ces personnes. Le manque de moyens dans les hôpitaux est aussi préoccupant. C'est pour ça que j'ai préféré bien rester chez moi, plutôt que de prendre le risque de contaminer une personne fragile. Maintenant nous allons mieux et restons tous confinés, l'activité de mon mari étant à l'arrêt pour le moment.”