Combien de temps le confinement va-t-il durer ? Comment va-t-il impacter les habitudes des Français ? Doit-on craindre de nouvelles épidémies ? Béatrice, 53 ans, entrepreneuse en évènementiel, confinée avec ses deux filles au Plessis-Bouchard (95), témoigne.
“On n'est pas à l'abri de nouvelles épidémies”
“Au total, je pense que le confinement durera au moins deux mois, pour laisser incuber toutes les personnes qui ont été contaminées à différentes périodes, puisque le confinement total n'a pas été respecté. Il ne peut l'être, de toute manière, car certains doivent toujours se déplacer pour travailler. Pour moi, ce confinement fait sens, ne serait-ce que pour les hôpitaux. En aplatissant au maximum la vague de cas déclarés, les professionnels de santé seront davantage en capacité d'assurer leurs services sur la durée.
Malgré tout, je n'ai pas peur que la pandémie nous fasse basculer dans une société trop surveillée, car je ne suis pas contre l'idée de diminuer mes libertés individuelles quand il s'agit de ce type de cause. Je fais suffisamment confiance au gouvernement et à la démocratie de mon pays pour accepter un système de reconnaissance faciale, par exemple, ou des tests à grande échelle, pour permettre de diminuer les conséquences de cette crise sanitaire, que ce soit au niveau de la mortalité, des soins, et de l'économie. D'autant qu'on n'est pas à l'abri de nouvelles épidémies. Si c'est arrivé une fois, ça peut revenir. Maintenant, c'est une question de fréquence, de moyens, et d'anticipation. Je pense que la pandémie actuelle sera une bonne leçon pour anticiper et mettre en place des mesures de sécurité accrues.
“Amener à une remise en question personnelle et professionnelle”
Je ne suis pas sûre que le déconfinement puisse se traduire par une libération de tous les Français en une fois, à moins qu'on ait atteint l'immunité collective. Je pense quand même que le gouvernement va maintenir quelques mesures pour éviter les grands rassemblements. Je n'imagine pas que l'activité du pays reprenne totalement avant septembre. Cela vaut aussi pour les comportements : en post-pandémie, on aura un peu de mal à se toucher, à se faire la bise — mais on aura au moins pris l'habitude de se laver fréquemment les mains !
En revanche, on aura appris à être proche des autres et des siens. Je trouve qu'on revient à une société moins égocentrique. C'est presque comme si on pouvait enlever le superflu pour revenir un peu à l'essentiel. Cette ‘suspension du temps’ nous permet de nous poser des questions sur notre mode de vie, sur ce que l'on veut vraiment. Ça peut amener à une remise en question personnelle et professionnelle car on n'est plus soumis à la pression quotidienne du travail qui fait qu'on avance comme des robots. Pour moi, ça ne fait que confirmer le travail personnel que j'avais commencé à faire sur ces sujets, avec l'envie de ralentir le rythme du travail et de me recentrer sur le lien familial. Ça me conforte aussi dans le sentiment de solidarité qui a toujours été très important pour moi.
“On tirera une leçon positive de toute cette histoire”
Plus largement, cette crise va aussi sûrement déboucher sur de nouvelles manières de gouverner, économiquement et politiquement. Sur les méthodes de travail, je pense qu'il y aura une remise en question avec le télétravail et l'aménagement des horaires : on se rend compte que c'est possible. J'ai envie de croire que les comportements égoïstes ne reviendront pas aussi vite qu'ils ont été mis à l'arrêt. On tirera une leçon positive de toute cette histoire.”