Pourquoi docteur a interrogé des Français sur leur quotidien en cette période si particulière du confinement. Pour Alizée, 32 ans, chef de projets de communication, c'est l'occasion de se retrouver seule face à elle-même.
“Je suis confinée seule chez moi dans mon appartement et mes journées sont assez rythmées. Je me lève vers 8h30, je fais du sport. Soit j’enchaîne des séries d’exercices que j’avais notées quand je m’étais fait coacher par un professionnel l’année dernière, soit je suis des cours en ligne, en direct ou en différé, sur des sites comme Just Coaching. J’ai un tapis de yoga et j’utilise des bouteilles d’eau en guise de poids. Ensuite, je commence à travailler.
A ce niveau là, ça a été assez facile de s’adapter car une bonne partie de la société fonctionne en télétravail depuis longtemps et j’avais déjà régulièrement des journées de ce genre avant le confinement. Pour l’instant, nous avons un gros pic d’activité, mais ça risque de se tasser au fil des prochaines semaines. Je ne pense pas qu’il y ait des licenciements car je travaille pour une grosse structure, mais j’imagine la reprise assez lente. Notre activité va être très touchée par cette crise et il y aura beaucoup de choses à faire après le confinement pour reprendre les choses en main.
Je finis en général vers 18h. Le soir, je regarde des films et des séries. J’ai presque honte de le dire mais je vis très bien ce confinement. Moi qui sort énormément, je ne m’attendais pas à prendre le pli si vite. Au début, j’étais beaucoup au téléphone, mais j’ai vite arrêté. Ce confinement, c’est aussi l’occasion de se poser des questions, de se retrouver face à soi-même, ce qui arrive quand même très rarement d’ordinaire. J’ai l’impression d’avoir réalisé beaucoup de choses depuis que ça a commencé. J’en profite notamment pour changer mon hygiène de vie, qui était assez déplorable. Je ne bois plus d’alcool, je ne fume plus, j’ai changé mon alimentation… Je ne suis pas dans la privation mais c’est beaucoup plus équilibré.
On se fiche de nous
A un niveau plus collectif, ça fait évidemment du bien à la planète qu’on soit tous confinés mais je ne pense que cela puisse durer sur le long terme. On ne peut pas passer notre vie enfermée comme ça, et je ne sais pas si notre fonctionnement sera fondamentalement différent une fois cette crise passée.
Comme beaucoup de gens, j’ai trouvé l’attitude du gouvernement déplorable. Même si tout ne peut pas être dit, on savait tous depuis le départ que ce confinement allait durer 45 jours et je ne comprends pourquoi on nous a annoncé deux semaines au départ. Tout ça pour finalement nous faire culpabiliser en nous lançant : ‘Vous n’avez pas été bien disciplinés, on s’est tous convoqués au sommet pour trouver une solution, c’est reparti pour deux semaines’. On se fiche de nous ! Honnêtement, même si j'apprécie de vivre recluse pour l'instant et que ça me fait du bien, je trouve ça très difficile de ne pas savoir quand on sera vraiment ‘relâchés’. Comme tout le monde, j'aimerais pouvoir me projeter. En attendant, je fantasme sur mes vacances d'été. En espérant qu'elles pourront avoir lieu…
Bien sûr, il y a également le problème de la Chine qui a fait une grosse rétention d’informations sur le Covid… On l'aurait peut-être mieux anticiper si les informations avaient été véhiculées autrement. Il y a aussi la situation catastrophique des Etats-Unis où ça va être dramatique, l’Afrique, où les gens commencent à mourir et bien sûr personne n’en parle, comme d’habitude… Ce qui nous attend n’est pas très beau, ça fait peur ne serait-ce que d'y penser. Qu’est-ce qui se passera dans certains pays, et même chez nous ? Comment se déroulera l’après le confinement ? Comment va-t-on sortir de cette crise ?”