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Coronavirus

Dépister massivement pour sortir du confinement, “quasiment la seule” solution pour un biologiste

Par Jean-Guillaume Bayard

Après plus de deux semaines de confinement, la question de la sortie de la quarantaine commence à se poser. Alors qu’Édouard Philippe, le premier ministre, a annoncé imaginé un déconfinement progressif, François Blanchecotte, président du syndicat national des biologistes, estime qu’une sortie ne peut être possible que si des tests massifs de dépistage du coronavirus sont mis en place.

r.sakinmaz@gmail.com/iStock

La sortie du confinement se fera “progressivement” a annoncé le premier ministre, Édouard Philippe. S’il a évoqué les idées d’un déconfinement par région et/ou par classe d’âge, rien n’est encore arrêté sur les conditions. François Blanchecotte, président du syndicat national des biologistes, estime à Franceinfo qu’une reprise ne sera possible qu’à la condition de dépister massivement la population en s'appuyant sur le réseau des 4 000 laboratoires français.

Tester plus tôt aurait été une bonne solution

Si le déconfinement “ce n’est pas pour demain” comme a annoncé Édouard Philippe, “il faut préparer les Français, à ce qu'on sache s'ils ont contracté le virus ou pas, qu'ils aient eu des symptômes ou pas”, poursuit François Blanchecotte. C’est “quasiment la seule” issue possible pour sortir de la quarantaine, estime-t-il. Pour cela, il rappelle que “plusieurs entreprises françaises, mais aussi européennes et mondiales, se sont lancées sur la production des tests sérologiques”. La France a la capacité, selon lui, avec ses quelques 4 000 laboratoires présents sur le territoire pour participer à cet effort de dépistage massif.

Pour lui, ces tests auraient pu être mobilisés plus tôt dans la lutte contre le virus. “Ce sont ces tests-là que l'on aurait dû, peut-être, utiliser dès le départ, massivement, avec l'ensemble des forces de biologistes, affirme-t-il. Maintenant, aujourd'hui, on est dans une phase 2. Ces tests arrivent au compte-gouttes. On essaie de pallier les urgences, les patients qui en ont besoin, les professionnels de santé. Il faut passer à cette phase 2, c'est-à-dire : aujourd'hui, comment on désenclave les gens qui sont chez eux.”

Dépister prioritairement les personnes sensibles, âgées et celles qui ont des symptômes

Pour ce qui est du test lui-même, François Blanchecotte préfère jouer la carte de la prudence au moment où une société bretonne annonce avoir mis en place des tests réalisables très rapidement et de manière peu couteuse. “On a encore de vives questions sur le statut sérologique, c'est-à-dire à quel moment vous produisez des anticorps. Sont-ils protecteurs ? Durent-ils longtemps ? Et quel statut peut-on assurer pour que le patient soit considéré comme guéri ? Ce qui est important, c'est de voir si on pourrait avoir une évolution vers une sérologie de dosage, c'est-à-dire tester le nombre d'anticorps que vous avez et voir un peu comment ça peut être validé au niveau scientifique.”

Enfin, il estime que certaines populations doivent être visés prioritairement par ces tests, à commencer par “les populations les plus sensibles, les personnes âgées dans les Ehpad, les gens qui ont aussi des symptômes sévères et critiques. Il va falloir, à un moment donné, savoir s'ils sont vraiment guéris. Et puis tous les personnels de santé. Il faudra voir aussi particulièrement les jeunes, parce que les jeunes ne sont pas très touchés par la maladie. En revanche, eux la transmettent. C'est important aussi de voir si tous ces enfants pourront retourner à l'école, au collège.”