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Système immunitaire

Covid-19 : qu'est-ce que “l’orage de cytokines”, ce phénomène qui entrainerait le décès de certains patients ?

Par Floriane Valdayron

Un relargage massif de cytokines, une molécule libérée par le système immunitaire, pourrait être à l'origine du décès de certains patients atteints du Covid-19. C'est ce que révèle une étude menée par des chercheurs au Royaume-Uni.

Selvanegra/iStock
Le coronavirus peut déclencher une réponse inflammatoire inadaptée
En détruisant des tissus, cette réponse immunitaire peut être fatale

Alors que le Covid-19 gagne du terrain dans la plupart des pays du monde, avec notamment 8 078 décès et 70 478 cas confirmés en France, les scientifiques s'intéressent au rôle des “orages de cytokines” dans la mortalité des patients atteints du nouveau coronavirus. Ce terme fait référence aux molécules polypeptidiques — notamment secrétées par des cellules telles que les lymphocytes et les macrophages — qui sont impliquées dans la régulation des réponses immunitaires.

Un grand nombre de données suggèrent qu'un sous-groupe des patients atteints d'une forme sévère de Covid-19 pourraient avoir un syndrome de choc cytokinique”, avancent des chercheurs majoritairement issus de l'University College London Hospitals (Royaume-Uni) dans une étude publiée dans la revue médicale britannique The Lancet. Ce phénomène est défini comme étant “la production excessive de cytokines déclenchée par un agent pathogène d'une virulence extrême et qui se manifeste par une violente réponse inflammatoire du système immunitaire”. Il s'agit d'une réponse inadaptée et particulièrement nocive.

“Une réponse immunitaire exubérante est ce qui tue véritablement les patients”

Dans leur étude, les scientifiques rappellent que l'insuffisance respiratoire provenant du syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) est la première cause de mortalité chez les patients atteints du Covid-19. “La lymphohistiocytose hémophagocytaire secondaire est un syndrome hyper-inflammatoire peu reconnu, caractérisé par un orage de cytokines mortel et fulminant, avec une défaillance multi-organique”, ajoute l'équipe. 

Interrogé par l'AFP, Stanley Perlman, spécialiste américain en microbiologie et immunologie, met également en lumière le rôle ce phénomène. “Je pense qu'une réponse immunitaire exubérante est ce qui tue véritablement les patients [atteints du Covid-19, ndlr] en détruisant les tissus. Mais ce n'est pas une certitude", estime le professeur à l'université de l'Iowa (Etats-Unis). 

Le choc cytokinique mis en cause dans deux autres maladies respiratoires

D'après nos confrères de l'AFP, le choc cytokinique a déjà été mis en cause pour expliquer la dangerosité de deux autres maladies respiratoires induites par des coronavirus. Il s'agit du SRAS, qui a fait 774 morts principalement en Asie, entre 2002 et 2003, et du MERS (syndrome respiratoire du Moyen-Orient), détecté pour la première fois en Arabie saoudite en 2012, et dont 35% des cas recensés ont abouti au décès du patient.

Plus récemment, des indicateurs provenant de l'étude de 150 cas confirmés de Covid-19 dans la ville chinoise de Wuhan, l'épicentre de l'épidémie, suggèrent que la mortalité de la maladie pourrait être due à une sur-inflammation virale.

Des options thérapeutiques existantes 

“Tous les patients présentant un cas de Covid-19 sévère devraient être contrôlés pour sur-inflammation, écrivent les chercheurs. Nous recommandons l'identification et le traitement de la sur-inflammation en utilisant des traitements existants et approuvés pour répondre au besoin immédiat de réduire le taux de mortalité croissant”. Les options thérapeutiques évoquées sont les stéroïdes, l'immunoglobuline intraveineuse, ainsi que des inhibiteurs de cytokines tels que l'anakinra et le tocilizumab.