Et si le confinement était finalement une opportunité de faire le point sur sa vie et le moment de se fixer de nouveaux objectifs ? Julie Katz, coach de vie et créatrice de la page Facebook Dansons sous la pluie, self-care en temps de corona, nous explique comment optimiser cette période pour entamer un virage à 360 degrés.
En quoi cette période de confinement peut-elle s'avérer bénéfique ?
Cette période nous oblige à sortir de notre routine, de notre zone de confort, du quotidien sécuritaire que nous nous étions créé. Le confinement donne finalement la place à de nouvelles réflexions, par exemple pour les personnes qui auraient envie et/ou besoin de changements. Pris dans la routine quotidienne, nous nous fermons à ce genre de réflexion personnelle, souvent par manque de temps. Cette période est donc un terrain fertile à de nouvelles réflexions personnelles.
C'est parfois difficile de faire le point quand l'esprit vagabonde ou s'agite. Comment s'y prendre ?
Lorsque nous avons de l'espace pour les pensées et la réflexion, il arrive que ça devienne envahissant, voire angoissant. Ce que je conseille, c'est d'écrire. Il faut accueillir ce qui se présente, sans s'accrocher particulièrement à chaque pensée. Juste les observer, les noter, prendre en compte comment on se sent, ce que l'on ressent. On commence alors à se construire une réflexion. Il peut être intéressant de se faire accompagner ou de trouver des groupes de soutien.
Il y a par exemple un groupe Facebook baptisé "Les paumés" pour les gens qui se cherchent, ou celui que j'ai créé "Dansons sous la pluie", sur lequel je propose des accompagnements adaptés au confinement. Sortir de ses habitudes pour aller vers une réflexion que l'on ne s'autorisait pas avant est un processus de changement potentiellement bouleversant. Il faut s'entourer, si possible de personnes qui sont dans une démarche similaire. On se sent moins seul, moins jugé, c'est rassurant de constater que d'autres personnes se questionnent sur le sens de leur vie, on se sent plus légitime.
Il y a également des podcasts qui permettent d'avoir des références, de s'inspirer de personnes passées par le même cheminement. Il faut trouver des repères. Il y a aussi le coaching qui permet enfin d'approfondir une réflexion, de la cadrer et d'en faire du sur-mesure pour passer à l'action.
De nombreux Français sont confinés seuls chez eux. En quoi cette solitude peut-elle leur être bénéfique ?
Souvent, on a tendance à s'éviter, notamment en se divertissant, en s'occupant, on charge nos journées et on évite d'être seul face à nous-même. La solitude est pourtant nécessaire et indispensable au renouveau. Se regarder en face, accueillir ce qui vient et ce qu'il se passe en nous est essentiel pour prendre la bonne direction et se sentir bien dans sa vie. Le contexte nous empêche de sortir à l'extérieur, alors on peut se regarder à l'intérieur, se sonder, comprendre ce dont on a envie et besoin. Il est vrai que ce n'est pas facile pour certains au début, mais la solitude est un peu le début de tout.
Ce n'est, à l'inverse, pas évident lorsque l'on cohabite. Comment faire dans ces cas-là ?
On doit se dégager du temps. Agir pour son propre bien-être est sain et non égoïste. Si on ressent le besoin de faire le point, on doit s'autoriser à se dégager du temps et le communiquer aux autres. Bien sûr, il est préférable de le faire de façon organisée sans le faire subir aux autres, mais être dans le calme et non dans la réaction à chaud est très important. Quand on fait le calme en soi, qu'on prend le temps de se recentrer et de se demander d'où vient cette colère ou toute autre émotion, c'est très bénéfique. Toutefois, ça requiert un moment de solitude.
Comment faire face aux émotions dont vous parlez sans être submergé ?
Nous avons tendance à les mettre de côté parce que nous n'avons pas le temps. Mais les émotions sont des messagers qui expriment un besoin. Le concept de la communication non violente est que l'émotion révèle un besoin en nous. Se détacher de cette émotion et la voir comme un messager nous permet de prendre du recul. Là encore, je préconise l'écriture pour ne pas se laisser submerger, pour observer ce qu'il se passe en nous et essayer de comprendre le message. Il y a peut-être même plus d'émotions en cette période, il ne faut pas les éviter, mais les accueillir et leur accorder de l'attention.
En quoi prendre le temps de s'écouter pendant cette période de latence peut nous être bénéfique lorsque nous reprendrons une vie normale ?
Ça procure un sentiment de contrôle - il faut néanmoins trouver l'équilibre entre avoir le contrôle de ce que l'on peut contrôler et lâcher prise face à ce qui n'est pas de notre ressort. Sortir du confinement après avoir identifié ses besoins et ses envies et parfois, après avoir entamé des changements de vie apportera une satisfaction personnelle. En empruntant ce chemin, on se rend compte que nous ne sommes pas (ou plus) la victime de notre vie, mais le décideur. C'est une question d'état d'esprit : soit je suis victime de mon sort, soit je me sens mal, j'ai des besoins, je les identifie et j'avance. J'évolue, je progresse. C'est valorisant et satisfaisant.