- Le lien entre le sommeil et des troubles psychiques a déjà été établi
- Une nouvelle étude montre que le manque de sommeil 5 nuits consécutives modifie les réactions émotionnelles
Le sommeil, c’est la santé. Mal ou trop peu dormir augmente les risques cardiovasculaires et favorise la prise de poids et la dépression. Alors que le confinement imposé pour lutter contre le coronavirus bouleverse les habitudes de sommeil de chacun, une nouvelle étude parue dans le Journal of Sleep Research va dans ce sens. Selon les chercheurs, mal dormir cinq nuits de suite aurait des conséquences néfastes sur les réactions émotionnelles.
Pour en arriver à cette conclusion, des chercheurs de l'université de L'Aquila (Italie), ont suivi 42 personnes pendant deux semaines, dans un ordre contrebalancé d’expériences. Les sujets ont été testés le matin après cinq nuits de sommeil normal et après cinq nuits consécutives de sommeil restreint (cinq heures). Au cours du test, ils devaient évaluer des images spécialement sélectionnées par les scientifiques.
Ces derniers ont alors constaté que les participants percevaient des images agréables et neutres de manière plus négatives quand on les avait empêchés de dormir au préalable. En revanche, ils n’ont observé aucune différence significative dans la classification des images désagréables.
“Nos résultats ont des implications potentielles pour la vie quotidienne”
“Un sommeil insuffisant peut imposer un biais émotionnel négatif, conduisant à une tendance accrue à évaluer les stimuli émotionnels comme négatifs”, commente la professeure Daniela Tempesta, autrice principale de l’étude. D’après elle, ces résultats sont très importants, le manque de sommeil chronique des populations étant un problème largement sous-estimé à l’heure actuelle. “Compte tenu de l'omniprésence du manque de sommeil dans la société moderne, nos résultats ont des implications potentielles pour la vie quotidienne, ainsi que dans les milieux cliniques”, conclut-elle.
Plusieurs études ont déjà fait le lien entre sommeil et troubles psychiques. Récemment, des travaux ont révélé que les enfants ne dormant pas assez étaient plus enclins à la dépression, à l’anxiété et à l’impulsivité. Cela aurait également tendance à diminuer leurs performances cognitives. “Nos résultats montrent que les enfants qui dorment moins de 7 heures par nuit sont 53% plus susceptibles de développer des problèmes de comportement par rapport à ceux dormant entre 9 et 11 heures et le score cognitif total était 7,8% plus bas en moyenne. Ils soulignent l'importance d’avoir suffisamment de sommeil pour la cognition et la santé mentale chez les enfants”, notaient alors les chercheurs.
Les Français dorment trop peu et mal
En France, il a été montré à maintes reprises que la plupart des adultes dormaient trop peu et mal. D’après un baromètre de Santé publique France paru il y a environ un an, en semaine et en période de travail, le temps de sommeil quotidien est de moins de sept heures. Précisément 6h34 (hors sieste). Lors des vacances ou du weekend, les Français dorment en revanche 7h12 en moyenne. Cela reste toujours moins que les huit heures recommandées par la plupart des scientifiques. Le plus souvent, les experts mettent cette perte du temps de sommeil sur le compte des écrans ou de la pollution sonore.
Lors d’un sondage réalisé à l’occasion de la Journée mondiale du sommeil l’année dernière, 85% des Français interrogés avaient par ailleurs déclaré se réveiller au moins une fois par nuit et mettre en moyenne 39 minutes à se rendormir. En conséquence, 43% de la population adulte aurait déjà consulté un professionnel de santé pour des troubles de sommeil.