- Des études chinoises ont montré que des patients atteints de cancer sont plus vulnérables face à Covid-19
- Les effets d'antibiotiques, d'anti-viraux et de produits d'immunothérapie vont être analysés
La recherche sur le Covid-19 continue d’avancer. Alors que l’on sait aujourd’hui que la maladie peut notamment avoir des effets graves sur les personnes souffrant de maladies cardiovasculaires, de diabète ou d’obésité, les chercheurs voudraient désormais déterminer ses effets chez les patients atteints d’un cancer. Mardi 7 avril, le centre anti-cancéreux Léon Bérard de Lyon a annoncé dans un communiqué de presse le lancement de deux protocoles de recherches, dont une étude clinique incluant des malades du cancer et du coronavirus.
« A ce jour, aucun traitement n'a encore prouvé son efficacité. Les études épidémiologiques chinoises ont montré que les patients atteints de cancer sont plus vulnérables face au virus, et sont plus à même de développer des complications graves de la maladie COVID-19 », expliquent les chercheurs en préambule du communiqué.
L’étude, cordonnée par le Dr Philippe Cassier, oncologue médical au Centre Léon Bérard permettra de comparer trois traitements pour déterminer le plus efficace contre le Covid-19. En tout, 273 patients de la France entière, tous atteints d’un cancer à un stade avancé, seront suivis. « Dans le cas de l’épidémie de coronavirus, il n’était pas sûr que ces patients puissent être admis en réanimation. Cette étude permet de ne pas les exclure des autres études », précise Philippe Cassier, cité par 20 Minutes.
Deux groupes de patients
Ce mois-ci, les chercheurs répartiront d’un côté les malades touchés par le virus mais qui réussissent à respirer normalement et de l’autre ceux en détresse respiratoire et donc dans un état plus critique. Chaque groupe testera les trois traitements. Le premier, dit classique, consistera à administrer des antibiotiques aux malades. Le deuxième à les traiter avec du GNS561, un analogue de la chloroquine, « testé actuellement comme thérapie anticancer et pour lequel nous avons déjà des données sur sa toxicité et sa sécurité », explique le centre. Ses effets « sont 10 à 50 fois supérieurs à la chloroquine. L’objectif sera de démontrer que ce médicament marche mieux sur ce type de patients », détaille Philippe Cassier.
Le troisième traitement sera quant à lui l’immunothérapie pour les personnes n’ayant pas de problèmes respiratoires, l’objectif étant de renforcer leurs défenses immunitaires. « Nous voulons être prudents avec ce bras de l’étude car on ne connaît pas encore le rôle précis du système immunitaire dans l’aggravation du COVID-19 mais ce qui est certain c'est que les patients graves ont une chute des lymphocytes très importante », explique le Pr Jean-Yves Blay, directeur général du Centre Léon Bérard et président d’Unicancer, dans le communiqué de l’hôpital. Les patients en détresse respiratoires recevront quant à eux un anticorps nommé, anti-interleukine-6R pour « freiner l’emballement immunitaire et et une réaction inflammatoire exacerbée ». Les premiers essais devraient avoir lieu dans les prochains jours.
En parallèle, les chercheurs du centre Léon Bérard mèneront une étude dit « observationnelle ». Cette dernière « a pour but de suivre l’évolution des patients atteints de cancer en cours de traitement et présentant des symptômes de COVID-19. L’objectif principal est de recueillir le plus de données possibles sur cette maladie chez les patients atteints de cancer afin d’évaluer le risque de complications dues à l’infection par ce virus sur cette population en particulier », expliquent-ils. Lundi, 6 patients avaient déjà été inclus dans l’expérience.
Chaque année en France, « 250 000 malades du cancer reçoivent un traitement actif »
Car le centre « émet l'hypothèse que les patients atteints de tumeurs malignes en traitement actif sont plus à risque de développer des complications graves de la maladie COVID ». « On estime que chaque année, en France, 250 000 personnes atteintes de cancer reçoivent un traitement actif (chimiothérapie, immunothérapie, thérapie ciblée). Il est donc essentiel de recueillir des informations sur ce virus, la maladie qu’il déclenche, et de les étudier en lien avec les pathologies cancéreuses », conclut le communiqué.
Chaque année, le cancer fait des millions de mort à travers le monde. D’après l’OMS, cette affliction est la deuxième cause de décès sur la planète après les maladies cardiovasculaires. En 2015, 8,8 millions de personnes seraient mortes d’un cancer. En France, le cancer est la première cause de décès prématuré chez les moins de 65 ans. En moyenne, « 148 737 décès par cancer ont été enregistrés chaque année en France dont 88 378 hommes et 60 359 femmes », note la Ligue contre le cancer sur son site.
Chez l’homme, le cancer le plus fréquent est celui de la prostate. Arrivent ensuite celui du poumon et du côlon-rectum. Chez la femme, le cancer du sein est le plus diagnostiqué, suivi de celui du côlon-rectum puis du poumon.