- Une extrapolation fait dire à un syndicat de médecins que plus de 1,6 millions de personnes seraient infectées en France
- Le nombre de personnes immunisées resterait relativement faible
Un million six cent soixante-dix mille personnes infectées. Tel est le nombre de personnes qui pourraient avoir été infectées par le nouveau coronavirus début avril, selon une première estimation du syndicat de médecins généralistes MG France. Si ce chiffre montre bien l’incroyable pouvoir de contagion du virus, cela montre également que la plupart des Français ne sont pas encore immunisés.
En tout, 2 048 médecins généralistes de la France entière ont accepté de participer à cette enquête. Entre le 17 mars et le 3 avril, ils ont recensé 56 154 patients présentant les symptômes du Covid-19 (toux sèche, fièvre, courbatures, perte du goût et de l'odorat, difficultés respiratoires...). En extrapolant ces résultats à l’ensemble des médecins généralistes du territoire, le syndicat a évalué à 1 670 000 le nombre de personnes atteintes du coronavirus à cette période.
“Evidemment, il s’agit d’une extrapolation”, a déclaré lors d’une conférence de presse le président de MG France, Jacques Battistoni, le 9 avril. Qui plus est, “il s’agit des gens qui ont consulté, or il y a aussi des porteurs sains”, a-t-il poursuivi, rappelant l’intérêt de la téléconsultation en cas de doutes. Toutefois, “ça donne une idée de l’ordre de l’ampleur”. Il rappelle également le décalage entre le nombre de Français infectés et le nombre de malades hospitalisés à cause du Covid-19. Ces derniers seraient près de 60 000 selon Santé publique France.
Le nombre de Français immunisés est “probablement faible”
D'ailleurs, selon Jacques Battistoni, 1,67 million, “c’est beaucoup par rapport au nombre de patients hospitalisés, mais c’est peu si on le rapporte à la totalité de la population” française. Ainsi, “on a probablement encore un nombre de séroconversions faible dans l’ensemble du pays”. Beaucoup de personnes seraient donc “susceptibles de s’infecter si jamais les mesures de confinement et les mesures barrières” étaient levées.
Sur France Bleu, il a donc rappelé l’importance de poursuivre encore ce confinement. “C'est la seule décision acceptable et possible en ce moment puisqu'on n'a pas encore mis en place toutes les mesures barrières nécessaires pour sortir du confinement et notamment la possibilité pour tous de disposer d'un masque quand il sort de chez lui”, a-t-il notamment déclaré.
Concernant les chiffres de l’enquête de MG France, il a expliqué à la radio : “On a fait une enquête nationale auprès des médecins. On a eu un peu plus de 2 000 réponses. On a vu que ces 2 000 médecins avaient reçu 60 000 patients présentant des symptômes suspects du coronavirus. Cela représente par médecin entre 15 et 20 patients sur les deux semaines que nous avons considérés.”
L’importance du dépistage
Cependant, de nombreux patients représentant des symptômes n’ont pas pu être testés, a rappelé Jacques Battistoni. “On gère une forme de pénurie par rapport aux tests. Si on avait pu faire des tests à tout le monde, cela aurait été certainement beaucoup mieux et beaucoup plus facile. Il se trouve que les tests ne sont pas accessibles pour des tas de raisons et notamment par le fait que les processus n'étaient pas validés. Maintenant ils le sont. On manquait également de réactifs pour les fabriquer. Pendant un bon moment, on n'a pas eu le test autant qu'on voulait. Ça doit changer”, a-t-il insisté.
C’est justement à cause de ce manque de dépistage, que les autorités sanitaires n’ont encore pu publier aucun chiffre sur le nombre de Français infectés par la Covid-19. D’après Jean-François Delfraissy, président du conseil scientifique du Covid-19, on commence toutefois à avoir “des éléments de débuts de réponse”. “Car on a commencé à tester en population générale dans l’est, dans l’Oise”, a-t-il déclaré mercredi 8 avril sur Franceinfo. “Les premières données que nous avons montrent que l’immunité populationnelle (pourcentage de personnes ayant déjà été infectées, NDLR) est plus faible que nous l’avions imaginée. De l’ordre peut-être de 10 à 15%”, a-t-il également indiqué, appelant lui aussi à prolonger le confinement.