C’est la nouvelle que de nombreuses femmes et gynécologues attendaient. Saisie en urgence la semaine dernière par le ministre de la Santé Olivier Véran, la Haute Autorité de Santé (HAS) a donné son feu vert pour étendre à neuf semaine l’interruption volontaire de grossesse médicamenteuse à domicile, contre sept auparavant. Une décision justifiée par "la nécessité de garantir le droit des femmes à l’IVG durant la période d’épidémie de Covid-19 en évitant autant que faire se peut d’aller en établissement de santé".
Jusque-là, l’IVG médicamenteuse était autorisée jusqu’à sept semaines d’aménorrhée (date des dernières règles) à domicile et neuf en milieu hospitalier. Mais, étant donné le contexte actuel, des gynécologues inquiets ont interpellé les politiques fin mars dans une tribune du Monde. "Pour limiter la sollicitation des équipes hospitalières, nous souhaitons que les avortements puissent être autorisés par voie médicamenteuse au domicile jusqu’à neuf semaines d’aménorrhée, soit sept semaines de grossesse. Cette option est validée par l’OMS et ne présente pas de danger particulier", écrivaient-ils.
Le ministre de la Santé avait alors assuré avoir "entendu" cette demande et que des dispositions seraient prises rapidement pour faciliter l’IVG médicamenteuse pendant le confinement. “Il est hors de question que l’épidémie de Covid-19 restreigne le droit à l’avortement dans notre pays", avait-il déclaré précisant avoir des remontées attestant du fait qu’il y a une réduction inquiétante du recours à l’IVG” actuellement. Et d'ajouter : "les IVG médicamenteuses doivent être encouragées, facilitées, tout en garantissant un libre choix”.
Remplacer l’ibuprofène par du paracétamol "associé à l’opium ou à la codéine"
Aujourd’hui, pour étendre ce droit, la HAS a défini un nouveau protocole médicamenteux. Ce dernier associe la prise de deux molécules et est validé par le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) et l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), explique-t-elle dans un communiqué.
Au niveau de la prise en charge de la douleur, elle recommande une "une prescription d’anti-inflammatoire non stéroïdien qui peut être systématique ou à la demande". Elle conseille également de remplacer l’ibuprofène, "antalgique de référence dans l’IVG médicamenteuse"-actuellement déconseillé à cause de l’épidémie de Covid-19-par "le paracétamol associé à l’opium ou à la codéine". "Il est souhaitable que la patiente ne soit pas seule à son domicile, ce qui justifie une dérogation de déplacement pour l’accompagnant(e)", est-il précisé.
Rappelons enfin que depuis la semaine dernière, les IVG médicamenteuses peuvent être prescrites et suivies entièrement par télé-consultation.