Et si, quelle que soit l'évolution de l'épidémie, le mois de mai qui arrive était porteur d'un immense espoir face à Covid-19 ? On peut l'espérer sans naïveté puisque c'est au tout début du mois prochain que les résultats d'une étude sur l'efficacité de la sérothérapie dans le traitement des patients victimes du coronavirus doivent être connus.
Et ces résultats sont attendus avec d'autant plus d'impatience que les premiers essais de cette thérapie menés sur des premiers groupes de 5 et 10 patients ont abouti à des signes cliniques d'amélioration de leur état de santé au bout d'une semaine environ. Quel est donc ce remède qui semble devoir fonctionner dans une maladie que l'on ne sait pas encore traiter, en dehors de l'utilisation de la chloroquine, très controversée?
Un transfert d'immunité passive
La sérothérapie consiste à recueillir le plasma des patients guéris -dont on estime qu'ils ont alors développé des anticorps au virus- pour l'injecter aux malades en réalisant ainsi un transfert d'immunité passive. Comme une sorte de vaccin traitant inoculé directement dans le sang.
"Cette thérapie a été testée sur deux groupes de patients sur lesquels on a constaté des signes cliniques d'amélioration au bout de quelques jours, des patients hospitalisés dans un état sérieux mais qui ne nécessitaient pas encore de passage en réanimation", expliquait le Dr Karine Lacombe, infectiologue, chef du service des maladies infectieuses à l'hôpital St Antoine à Paris, le 9 avril dans le podcast quotidien de Pourquoi Docteur animé par le Dr Jean-François Lemoine.
Il s'agit en fait de reproduire artificiellement, en utilisant les anticorps produits par les malades guéris, le seul outil qui aboutit actuellement à une amélioration de l'état et à la guérison des patients atteints de Covid-19, l'effet de l'immunité. Pour garantir la meilleure efficacité, la sérothérapie impose de disposer de suffisamment de plasma de patients guéris -ce qui ne devrait pas poser de problème avec Covid-19 au regard du nombre de personnes contaminées- et de s'assurer que le titre d'anticorps dans chaque poche est suffisamment important.
Une technique utilisée dans d'autres infections virales
Cette technique est bien connue et elle a notamment déjà été utilisée dans la prise en charge d'autres infections virales comme le chicungunya. Les effets secondaires possibles sont d'une part une réaction allergique, comme dans toute transfusion de plasma, et d'éventuels dommages aux poumons causés par une surcharge de ces organes en plasma.
Une étude sur 60 personnes, 30 recevant des injections de plasma de patients guéris de Covid-19 et 30 bénéficiant d'une prise en charge classique, est en cours. Les résultats de cette étude, baptisée "Covidplasm" et respectant les normes méthodologiques, sont attendus, selon le Dr Karine Lacombe, pour au plus tard les premiers jours du mois de mai. Si ses résultats sont concluants, la mise en place de la sérothérapie pour traiter les patients Covid-19 pourrait être très rapide : il y a de nombreux donneurs, la préparation des poches de plasma ne nécessite environ qu'une semaine et les laboratoires pourront proposer très vite des immunoglobines spécifiques.
Ci-dessous, l'interview dr Dr Karine Lacombe par le Dr Jean-François Lemoine: