Les médicaments prescrits pour traiter des pathologies sérieuses entraînent parfois des effets indésirables importants pour le coeur, en particulier le risque d’arythmie. C'est par exemple le cas de l'hydroxychloroquine (dérivé de la chloroquine), actuellement testée pour traiter les patients de Covid-19 par le Pr Didier Raoult et qui a a provoqué des troubles cardiaques chez certains patients à la suite de prises en automédication. Cette toxicité cardiaque peut également se retrouver dans la chimiothérapie pour traiter le cancer.
"L'une des principales raisons pour lesquelles un médicament est retiré du marché est l'arythmie potentiellement mortelle. Même les médicaments développés pour traiter l'arythmie ont fini par en être la cause", souligne Colleen E. Clancy professeur de physiologie et de biologie membranaire à l’université de Californie à Davis (États-Unis) et auteur de travaux récemment publiés dans la revue Circulation Research.
Selon le scientifique, le problème est qu'il n'y a pas de moyen facile de prévoir comment un médicament interagit avec les canaux potassiques codés par le hERG, essentiels au rythme cardiaque normal. Pour y remédier, son équipe a conçu un modèle informatique basé sur la formule chimique d'un médicament afin de prédire son impact sur le rythme cardiaque.
"Une première étape avec de passer à des tests plus coûteux"
Ce système permet de révéler comment ce médicament interagit spécifiquement avec les canaux hERG ainsi qu'avec les cellules et les tissus cardiaques. Les chercheurs ont validé le modèle avec des électrocardiogrammes de patients prenant deux médicaments connus pour interagir avec les canaux hERG : un avec un profil de sécurité élevé et un autre connu pour augmenter les arythmies cardiaques. Les tests effectués ont permis de valider l'exactitude du modèle.
À la lumière de ces résultats, l’équipe du Pr Clancy envisage le modèle comme un test essentiel de sécurité des médicaments avant leur mise sur le marché. "Chaque nouveau médicament doit passer par un test de toxicité cardiaque, et cela pourrait être une première étape importante pour suggérer un danger ou une sécurité avant de passer à des tests plus coûteux et plus approfondis", souligne le biologiste.
D’après les auteurs de la publication, ce test pourrait à terme être utilisé pour d'autres systèmes d'organes tels que le foie et le cerveau.