- Les anti-vaccins ont souvent un mode de pensée négatif
- En France 47% des personnes interrogées en 2019 pensaient que les vaccins ne sont pas sûrs
L’Organisation mondiale de la santé a placé les anti-vaccins parmi les dix menaces pour la santé mondiale en janvier 2019. Le refus de se faire vacciner peut entraver la lutte contre certaines maladies, voire en faire ressurgir certaines. Ainsi, les États-Unis ont fait face au retour de la rougeole en 2019, alors qu’elle avait été déclarée éradiquée en 2000. Selon l’OMS, la vaccination permet d’éviter entre deux et trois millions de morts chaque année dans le monde. Comment convaincre des personnes opposées à ces vaccins ? Pour des chercheurs de la Texas Tech University, il faudrait d’abord réussir à les comprendre. Dans leurs travaux, ils constatent que les anti-vaccins ont une tendance à être plus négatif que la moyenne et surestiment la probabilité que certains évènements dramatiques se produisent.
Une manière différente de traiter l’information
Dans la revue médicale Vaccine, les deux chercheurs, Mark LaCour et Tyler Davis expliquent que cette tendance à imaginer le pire n’est pas toujours liée aux vaccins. D’après eux, ces personnes auraient une manière différente de traiter l’information. "Cela suppose qu’il y aurait des variables cognitives ou affectives qui influencent les anti-vaccins", explique Tyler Davis. Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs ont d’abord réalisé un sondage auprès de 158 personnes. Ils leur ont demandé d’estimer le taux de mortalité associé à certains évènements, comme une morsure par un animal, un cancer ou encore une inondation. Les personnes les plus opposées aux vaccins, obtenaient des moins bons résultats que celles qui étaient plus favorables à la vaccination : c'est-à-dire qu'elles attribuaient une mortalité plus forte aux évènements. Elles avaient aussi tendance à surestimer la fréquence de choses très rares.
Une compréhension altérée des probabilités
Les chercheurs ont ensuite fait un deuxième sondage, en demandant cette fois aux participants d’estimer également la fréquence d’évènements jugés positifs ou neutres : le concert d’une star, une visite du pape aux États-Unis ou encore le fait d’accoucher de triplés. Les anti-vaccins avaient toujours tendance à surestimer la fréquence des évènements négatifs, et ce, alors que leurs estimations de la fréquence des événements positifs étaient plus ou moins justes. "Les anti-vaccins n’ont pas la meilleure compréhension de la probabilité d'occurence de certains événements, analyse Mark LaCour, ils pourraient être plus facilement influencés par des histoires d’horreur anecdotiques. Par exemple, penser que leur enfant peut faire une crise d’épilepsie à cause d’un vaccin, alors que c’est extrêmement rare." En revanche, l’étude ne constate aucun lien entre niveau d’éducation et adhésion aux théories anti-vaccins.
"Il est possible que ces personnes aient un biais d’attention envers les choses négatives et celles associées à la mort, cela fait qu’elles se souviennent beaucoup plus de ces informations en particulier", suggère Tyler Davis. D’après lui, les anti-vaccins auraient tendance à chercher des informations biaisées ou non-représentatives, notamment pour confirmer leurs idées.
Les Français, largement méfiants vis-à-vis des vaccins
En 2019, l’institut de sondage Gallup a mené une étude pour l’ONG anglaise Wellcome sur les anti-vaccins. Au total, plus de 140 000 personnes, réparties dans plus de 140 pays, ont répondu à l'enquête. D’après les résultats, la France est le premier pays anti-vaccins : près de 47 % des personnes interrogées pensent que les vaccins ne sont pas sûrs.