Des chercheurs ont réussi à identifier comment le parasite responsable de la forme la plus sévère de paludisme agit dans le corps humain. Ils ont révélé qu’il utilise des protéines pour rendre les globules rouges collants, empêchant notre système de bien les combattre. L’étude a été publiée dans la revue Nature Microbiology et s’intéresse à savoir précisément comment le Plasmodium falciparum, le parasite en question qui provoque chaque année plus de 95% des 400 000 décès dus au paludisme, échappe au système immunitaire.
Un parasite vicieux
Ce parasite a pour particularité de libérer des protéines dans les globules rouges. Là, celles-ci vont se coller sur la surface extérieure des cellules. Ces protéines adhèrent aux autres cellules sanguines et aux parois des vaisseaux sanguins afin que les cellules infectées ne circulent plus dans le corps et traversent la rate. Le parasite y est alors protégé puisque les cellules immunitaires qui s'y trouvent ne peuvent agir sur les cellules infectées.
La viscosité du parasite peut également entraîner la formation de caillots sanguins. En bloquant le flux sanguin vers les organes vitaux, ces caillots peuvent avoir des conséquences fatales, surtout s'ils se forment dans le cerveau ou le placenta. “Cette espèce de parasite du paludisme est capable d'utiliser un certain nombre de variantes différentes de la même protéine pour rendre les globules rouges collantes, précise Heledd Davies, co-auteur principal de l’étude. Donc, si le corps développe des anticorps qui empêchent une variante de fonctionner, le parasite peut simplement passer à une autre, conduisant à une course aux armements constante.”
Des nouvelles thérapies efficaces
Cette découverte est encourageante pour trouver des thérapies futures en ciblant le mécanisme utilisé par le paludisme pour transporter les protéines à la surface des cellules. En bloquant ce transport, on pourrait réduire les symptômes et permettre au corps d’éliminer les parasites. Dans cette étude, les auteurs ont identifié des protéines, appelées kinases, qui sont impliquées dans l'obtention des protéines collantes à la surface cellulaire. Les kinases sont des enzymes qui peuvent activer ou désactiver de nombreuses autres protéines et régulent souvent des processus importants dans les cellules. “Ces kinases ne sont pas libérées par d'autres souches de paludisme qui infectent les humains, nous avons donc prédit qu'elles sont certains des facteurs qui rendent cette espèce plus mortelle”, développe Hugo Belda, autre co-auteur principal.
Les chercheurs ont déjà lancé des pistes potentielles. “Dans nos recherches, nous avons testé ce qui s'est passé lorsque nous avons retiré différentes protéines kinases du parasite, alors qu'il vivait dans le sang humain, raconte Moritz Treeck, chef de groupe au laboratoire de signalisation des parasites apicomplexes auteur de l’étude. Une protéine a joué un rôle important dans le contrôle de l'adhésivité cellulaire, tandis que d'autres peuvent être nécessaires pour des aspects encore inconnus du parasite. La biologie est très excitante et aidera à mieux comprendre le mécanisme de la maladie.”