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La chronique du Docteur Lemoine

L’exercice physique fait ou ne fait pas manger? That was the question…

Par le Dr Jean-François Lemoine

Est-ce l’endorphine qui augmente l’appétit après l’exercice physique ? Le débat n’était pas tranché, y compris sur la réalité de cette faim « post sportive ». Certains vous diront avoir une faim de loup au retour d’une marche de dix minutes, d’autres ont l’appétit coupé par un effort dépassant une heure.

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La découverte du rôle des endorphines dans le sport date des années quatre-vingts. Ce sont des hormones sécrétées par le cerveau. La terminaison « orphine », qui rappelle le mot « morphine », n’est pas là par hasard. Notre corps est en effet un « dealer » de grande envergure. Les endorphines ont un double rôle : c’est, avant tout, une médication antidouleur. L’effort physique prolongé, qu’a nécessité l’adaptation de l’homme à son milieu, se fait dans un contexte douloureux, en particulier pour les muscles et les articulations. Les endorphines sont là pour en diminuer l’intensité. La vie étant indiscutablement devenue plus confortable, du moins dans les pays industrialisés, c’est le second rôle de ces hormones qui est aujourd’hui le plus important. Les endorphines participent à ce que l’on appelle le « circuit de récompense ». Comme la véritable morphine, qui suscite, en calmant, une sensation exceptionnelle de bien-être, les endorphines sont responsables de la sensation de bonheur que provoque l’effort physique prolongé. Il faut en effet au moins une bonne heure pour commencer à en ressentir les effets. Mais, comme la morphine, elles induiraient un phénomène de dépendance ! Un sportif de haut niveau supporte facilement la douleur au cours de l'exercice, mais l'entraînement intensif peut se transformer en une véritable toxicomanie : les sportifs surentraînés ont souvent un besoin irrépressible de faire du sport, avec une escalade fréquente de la « dose » quotidienne, pour obtenir la meilleure sécrétion de cette hormone.

Est-ce l’endorphine qui augmente l’appétit après l’exercice physique ? Le débat n’était pas tranché, y compris sur la réalité de cette faim « post sportive ».

La recherche a donné une réponse scientifique, grâce aux techniques d’IRM. On connaît parfaitement les zones du cerveau qui contrôlent le plaisir de manger et gèrent la quantité nécessaire à la disparition de la sensation de faim. L’IRM permet de « voir » dans le cerveau ce que l’on appelle le circuit de récompense. Les résultats sont en faveur de l’activité physique, limiteur de l’appétit.

Il semble que l’exercice physique modifie le circuit de récompense par la nourriture en diminuant la quantité nécessaire mais, surtout, en privilégiant des aliments moins gras, moins riches.

L’expérience a consisté à prendre deux groupes de volontaires. Le premier est resté devant la télévision ; l’autre a eu droit à une heure d’activité physique. Puis tout le monde a été mis devant un buffet « à volonté ». Les inactifs se sont dirigés spontanément vers les aliments riches en sucre et en graisses. Les « sportifs », ce qu’a confirmé l’étude IRM de leur cerveau, ont vu leur réactivité aux signaux alimentaires significativement réduite. Les zones gérant la quantité et le circuit de récompense sont restées calmes, même devant les desserts, alors qu’elles s’éveillaient chez les oisifs ! La seule critique que l’on peut faire à ces résultats est qu’ils ne concernent que des gens au poids dit normal. Les études chez des gens obèses ne sont pas aussi évidentes, probablement parce que le mécanisme de la surconsommation chez eux est plus complexe et que la vue de la nourriture décuple la sensation de faim, faisant de l’exercice physique un prétexte bien utile. Toutefois si, il y a quelques années, les scientifiques pensaient que tout était sous le contrôle des hormones, on sait aujourd’hui, et c’est une nouvelle d’importance, que le cerveau est sensible à l’exercice et peut en réaction changer le message de faim en la diminuant. Les ennemis du sport auront beau sortir des arguments comme : « 45 minutes de marche pour un homme de 70 kilos représente une dépense d’environ 300 kilocalories, soit l’équivalent d’un croissant au beurre avec un peu de confiture », résumer l’exercice à une simple diminution de l’apport calorique est réducteur et ne présente qu’une version très partielle de l’intérêt de la pratique quotidienne.

En conclusion, l’impact de l’exercice physique sur la faim dépend de la personnalité de chacun, de la quantité et de la répétitivité de l’effort.

Docteur Jean-François Lemoine

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