Il y a encore “des choses que nous ne savons pas par rapport à ce virus”. Lors d’une conférence de presse mercredi 15 avril, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a reconnu que les incertitudes demeuraient nombreuses par rapport à la possible immunité des personnes infectées par le coronavirus. “Est-ce que vous développez à chaque fois des anticorps ou seulement lors de formes graves? Combien de temps après l’apparition du virus vont apparaître ces anticorps? Est-ce une bonne mémoire efficace durable ou bien fragile, fugace et temporaire?”, s’est-il interrogé.
“Nous aurons la réponse, mais à force d’observations, lorsque suffisamment de temps sera passé pour que nous puissions déterminer si les gens qui l’ont attrapé ont conservé une mémoire immunitaire et si celle-ci est efficace”, a-t-il admis.
D’ordinaire, quand un individu est infecté par un virus, son système immunitaire ne le reconnaît pas. Cela entraîne des symptômes et une ou plusieurs maladies avant que l’organisme ne puisse le combattre. Après l’infection, une mémoire immunitaire émerge, portée par la présence d’anticorps. C’est ce qui permet à l’organisme de mieux combattre le risque d’une seconde infection.
La Corée du Sud sème le doute
Toutefois, en Corée du Sud, des chercheurs ont récemment observé une résurgence du Covid-19 chez les personnes rétablies. Lundi 13 avril, le Centre coréen de contrôle et de prévention des maladies a en effet annoncé que 51 patients considérés comme guéris avaient de nouveau été testés positifs. Toutefois, d’après la directrice générale du Centre, Jeong Eun-kyeong, le virus aurait simplement pu ressurgir dans l'organisme de ces patients, testés positifs peu après leur sortie de quarantaine.
“Nous accordons beaucoup d'attention à cette réactivation du virus comme cause possible, nous menons une étude approfondie à ce sujet”, a-t-elle déclaré, précisant qu'“il y a eu de nombreux cas où un patient pendant le traitement sera testé négatif un jour et positif un autre.” Une enquête épidémiologique est actuellement en cours. Un patient est considéré comme complètement guéri quand deux tests réalisés à 24 heures d’intervalle donnent des résultats négatifs.
Suivre les personnes contaminées pendant plusieurs mois
“Ce virus a émergé il y a trois mois donc nous n’avons pas encore beaucoup de recul sur son évolution et sur la réponse de l’Homme à l’infection”, a quant à lui commenté le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon mercredi soir. “Il peut y avoir des formes mineures, peut être des formes ORL ou extrêmement bénignes, qui ne débouchent pas sur une immunité et qui expliqueraient que certaines personnes puissent être infectées à deux reprises”, a-t-il développé.
Aussi, si une immunité “qui semble protectrice et pérenne” semble se développer dans les deux-trois semaines qui suivent l’infection au coronavirus, il est indispensable de “suivre pendant des mois les personnes qui ont été contaminées pour s’assurer que ces anticorps persistent”, a-t-il insisté.