À la suite d’“erreurs” sur la gestion du coronavirus, Donald Trump a pris la décision de suspendre la contribution financière américaine à l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ce mardi 14 avril, il a justifié cette décision par les “nombreuses fausses informations sur la transmission et la mortalité”, à quoi il faut ajouter une trop grande proximité politique avec la Chine qui aurait “toujours raison” selon l’agence, a-t-il déploré en conférence de presse. Donald Trump a annoncé la mise en place d’une étude “très approfondie” sur le rôle de l’OMS “dans la mauvaise gestion et la dissimulation de la propagation du coronavirus” qui pourrait durer entre 60 et 90 jours.
President @realDonaldTrump is halting funding of the World Health Organization while a review is conducted to assess WHO's role in mismanaging the Coronavirus outbreak. pic.twitter.com/jTrEf4WWj0
— The White House (@WhiteHouse) April 14, 2020
The W.H.O. really blew it. For some reason, funded largely by the United States, yet very China centric. We will be giving that a good look. Fortunately I rejected their advice on keeping our borders open to China early on. Why did they give us such a faulty recommendation?
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) April 7, 2020
Le financement des USA, entre 12 et 13% du budget de l’OMS
Avec la suspension du financement américain, son premier contributeur, l’OMS entre en période trouble alors que la pandémie de coronavirus continue de fragiliser le monde. Les États-Unis apportaient un soutien financier entre 400 et 500 millions de dollars par an à l’organisation, soit entre 12 et 13% de son budget annuel. La Chine, quant à elle, apporte environ 40 millions de dollars, amenant Donald Trump à estimer que son pays a le "devoir" de réclamer des comptes. “Si l'OMS avait fait son travail et envoyé des experts médicaux en Chine pour étudier objectivement la situation sur le terrain, l'épidémie aurait pu être contenue à sa source avec très peu de morts”, a-t-il ajouté.
L’OMS, dont la mission est de diriger et coordonner la santé mondiale au sein du système des Nations Unis, se trouve très fragilisée sans la contribution américaine. Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, craint pour la santé mondiale à la suite de la décision américaine. “Ma conviction est que l'Organisation mondiale de la santé doit être soutenue car elle est absolument essentielle aux efforts du monde pour gagner la guerre contre le Covid-19”, indique-t-il dans un communiqué. Une crainte partagée par Bill Gates, à la tête de la fondation philanthropique Bill & Melinda Gates Foundation qui apporte un soutien financier majeur dans la lutte contre le Covid-19 et qui est le deuxième plus important donateur à l'OMS derrière les USA. Il estime, dans un tweet, que les missions de l'OMS “sont en train de ralentir la progression du Covid-19 et si ce travail est arrêté, aucune autre organisation n'est là pour prendre le relais. Le monde a besoin de l'OMS plus que jamais.”
Halting funding for the World Health Organization during a world health crisis is as dangerous as it sounds. Their work is slowing the spread of COVID-19 and if that work is stopped no other organization can replace them. The world needs @WHO now more than ever.
— Bill Gates (@BillGates) April 15, 2020
Pas encore le temps du bilan
Impossible pour le moment de prédire les conséquences exactes de cette suspension de financement. Cela pourrait paralyser, voire empêcher des initiatives en matière de santé. Cependant, l’OMS demeure l’une des institutions les plus puissantes de l’ONU, forte de ses 147 bureaux de pays et six bureaux régionaux, pour un total de 7 000 employés. Pour Antonio Guterres, il y a un temps pour tout et celui de l’analyse et du bilan n’est pas encore arrivé. “Une fois que nous aurons finalement tourné la page de cette épidémie, il y aura un temps pour revenir pleinement en arrière pour comprendre comment une telle maladie a pu survenir et répandre sa dévastation aussi rapidement à travers le monde”, indique-t-il dans le communiqué.