ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Déconfinement : isoler les malades Covid-19 à l'hôtel pour limiter la propagation

Coronavirus

Déconfinement : isoler les malades Covid-19 à l'hôtel pour limiter la propagation

Par Jean-Guillaume Bayard

Pour contrer les chaînes de transmission du Covid-19, l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) teste l'isolement des patients infectés par le virus dans des chambres d’hôtel, en partenariat avec le groupe Accor.

DragonImages/iStock

Pour endiguer la propagation du virus, qui se transmet principalement entre personnes par les postillons, l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a lancé le projet de l’isolement des personnes infectées dans des chambres d’hôtel. Ce dispositif, nommé “Covisan, a pour but d’éviter une deuxième vague de contamination alors se profile le déconfinement, prévu pour le 11 mai. L’objectif est de limiter les possibilités de transmission du virus, notamment au sein des familles, en repérant et isolant des personnes potentiellement contaminantes.

Un coût pris en charge par l’AP-HP

Ce projet a été lancé le 15 avril par l’AP-HP de Paris, en lien avec la Mairie de Paris et le Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis. “Ce projet s’inscrit dans la politique nationale de déconfinement et de prévention d’une deuxième vague. On fonctionne sur un pied d’égalité avec la médecine de ville, ça leur permet d’inclure leurs propres patients”, précise au Monde Martin Hirsch, le directeur général de l’AP-HP. Ce dispositif est expérimenté avec trois sites, la Pitié-Salpêtrière (13e arrondissement), les hôpitaux Bichat (18e) - Louis-Mourier à Colombes (Hauts-de-Seine) et Avicenne à Bobigny (Seine-Saint-Denis). Pour les patients infectés qui ne nécessitent pas d’hospitalisation, un hébergement à l’hôtel est proposé pour éviter de transmettre le virus aux personnes de leur entourage.

Trois hôtels, du groupe Accor, à proximité des quatre hôpitaux du projet Covisan sont mobilisés pour accueillir les personnes infectées. Cela se fera dans un premier temps sur la base du volontariat. “C’est là où notre expérience d’avoir suivi 50 000 patients à distance à travers la plateforme Covidom depuis un mois est utile, nous avons rodé un système de suivi de personnes porteuses de Covid”, assure Martin Hirsch. Pour assurer les tests de dépistage, les équipes d’intervention seront constituées d’infirmiers et d’internes. La Croix-Rouge sera également mobilisée par ce dispositif qui ne coûtera rien aux volontaires, mais entre 30 et 50 euros à l’AP-HP, soit le “prix coûtant d’une chambre.

Pas une première mondiale

Pour l’instant, la durée de cet essai n’a pas été fixée. L’objectif est de “tirer le plus d’enseignements possibles, indique Martin Hirsch. Si ces pilotes donnent des résultats favorables, ils seront utiles pour élargir et dupliquer le dispositif.” L’essai se fait également sur la base du volontariat, pour les autres “des équipes vont être formées pour les accompagner et les aider à s’organiser, vérifier qu’elles disposent du matériel de protection individuel, résume Jean-Louis Missika, adjoint à la maire de Paris chargé de l’urbanisme. Pour éviter qu’elles se rendent dans les magasins, on leur livrera des repas ou produits frais.”

Ce dispositif n’est pas une nouveauté. Ailleurs dans le monde, des projets similaires se sont mis en place, notamment avec le groupe Accor en Corée du Sud et en Espagne. “C’est une politique qui devrait concerner la France entière, c’est assez symbolique des initiatives locales ou régionales qui ne font que témoigner qu’il n’y a pas de pilote dans l’avion républicain”, lance Eric Caumes, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Pour lui, il faudrait aller plus loin encore. “Quid par exemple des grosses chaînes de transmission dans les hôpitaux de l’AP-HP, des structures médico-sociales intermédiaires, des foyers de travailleurs, de migrants ? C’est un vrai problème.”