ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Un composé présent dans le vin rouge permettrait de vieillir en bonne santé

Un verre de vin rouge par jour?

Un composé présent dans le vin rouge permettrait de vieillir en bonne santé

Par Raphaëlle de Tappie

Le resvératrol, un composé naturel présent dans les arachides, les pistaches, la peau des raisins, le vin rouge, les framboises ou encore le cacao, serait capable d’activer les récepteurs d’oestrogène, hormone protégeant contre certaines maladies liées au vieillissement. 

Ridofranz/iStock
Le vin et quelques autres aliments comportent un composé naturel qui active les récepteurs d'oestrogènes
Ce composé pourrait à terme se substituer à des traitements hormonaux contre les effets de la ménopause

Et si les Français avaient tout compris ? Une nouvelle étude soutient la théorie selon laquelle un petit verre de vin par jour pourrait aider à bien vieillir. En effet, d’après des travaux parus dans la revue Scientific Reports, à petite dose, le resvératrol, un composé naturel présent dans les arachides, les pistaches, la peau des raisins, le vin rouge, les framboises ou encore le cacao, serait capable d’activer les récepteurs d’œstrogène. Il s’agit une hormone stéroïde que les hommes et les femmes produisent naturellement. Si la plupart des gens en ont déjà entendu parler car elle régule la reproduction, elle protège également de certaines maladies liées au vieillissement comme le diabète de type 2, Alzheimer ou encore l’ostéoporose.

Les récepteurs d’oestrogènes activent des protéines nommées sirtuines dans l’organisme. Celles-ci aident à contrôler la biogenèse mitochondriale, la promotion de la réparation de l'ADN et la régulation du métabolisme. C’est pourquoi, les biologistes considèrent les sirtuines comme d’excellentes cibles potentielles de médicaments.

De nombreuses études sur les animaux ont suggéré que ces protéines pourraient prolonger la durée de vie en bonne santé en prévenant ou en ralentissant l'apparition des maladies, explique Henry Bayele, docteur en biologie moléculaire à l'University College London (Royaume-Uni). Toutefois, le développement de médicaments ou d'interventions alimentaires efficaces a été empêché par le manque de compréhension commune de leur fonctionnement exact dans les cellules du corps”, développe le chercheur.

Des “œstrogènes végétaux”

Pour en savoir plus, Bayele et ses collègues ont exposé in vitro les cellules du foie à une variété de composés alimentaires activant les sirtuines : le resvératrol et des isoflavones, comme la daidzéine, que l’on retrouve dans le soja et certaines autres légumineuses. Ces composés sont collectivement connus sous le nom de composés d'activation des sirtuines alimentaires ou dSTAC.

Ils ont alors découvert, qu’à faible dose, le resvératrol augmentait la signalisation des sirtuines dans les cellules en imitant l'œstrogène. A forte dose en revanche, il réduirait la signalisation des sirtuines. Mais l’isoliquiritigenin, présent dans la réglisse, serait encore plus efficace pour activer les sirtuines.

Ainsi, les dSTAC pourraient être considérés comme des “œstrogènes végétaux”, avance Bayele. Capables de remplir des fonctions normalement réservées aux oestrogènes, ils pourraient donc être bénéfiques pour le cerveau, le foie, les muscles squelettiques et les os.

La question du “paradoxe français”

Cette étude soutient donc la théorie selon laquelle un verre de vin rouge par jour, et pas plus, favoriserait un bon vieillissement. D’après Bayele, cela pourrait expliquer “le paradoxe français”. Il a été prouvé que malgré un régime alimentaire riche en graisses, certaines populations en France connaissent de faibles taux de maladies cardiovasculaires et de certains types de cancer.

“De faibles doses régulières de resvératrol, par exemple par une consommation modérée de vin rouge dans le cadre d'un régime alimentaire sain, peuvent être en mesure de fournir les bienfaits des œstrogènes. Cela s'appliquerait aux hommes et aux femmes de tous âges, mais les femmes ménopausées pourraient être celles qui ressentent le plus ces avantages, car elles ont des réserves d'œstrogènes plus faibles que les hommes du même âge”, déclare donc Henry Bayele. A terme, ces découvertes pourraient donc permettre de développer des alternatives à l'hormonothérapie substitutive (HRT), utilisée pour contrer les symptômes de la ménopause, car l’HRT est notamment réputée pour être lourde en effets secondaires : elle augmenterait le risque d’accident vasculaire cérébral, de crise cardiaques et de certains cancers.

Des études cliniques seront toutefois nécessaires avant d’en arriver là : les effets des dSTAC sur les cellules in vitro pourraient ne pas refléter leurs effets chez l'homme, met en garde Bayele. Ainsi, si l’organisme peut digérer les composés dans l’intestin, ils pourraient être mal absorbés dans le sang, par exemple. En conclusion, des études supplémentaires devront avoir lieu pour confirmer si les gens peuvent utiliser les dSTAC comme substituts d'œstrogènes pour vieillir en bonne santé.

L’éternelle controverse autour du verre de vin rouge quotidien

Cette étude n’est pas la première à s’intéresser aux bienfaits du resvératrol sur l’organisme. L’été dernier, une étude réalisée sur des rats et publiée dans la revue Frontiers in Physiology montrait que ce composé pourrait préserver la masse et la force musculaire des astronautes envoyés sur Mars. “Il a été démontré que le resvératol préservait la masse osseuse et musculaire chez les rats lors d’un déchargement complet, analogue à la microgravité d’un vol spatial. Nous avons donc émis l’hypothèse qu’une dose quotidienne modérée aiderait également à atténuer le déconditionnement musculaire dans une gravite similaire à celle exercée sur Mars”, notaient les chercheurs.

D’après d’autres travaux réalisés au-préalable par le l'université du Nouveau-Brunswick (Canada), le resvératrol, pourrait être “une alternative efficace aux médicaments pour traiter les patients souffrant de dépression et de troubles anxieux”.

Quant à l’effet du verre de vin rouge quotidien sur la santé cardiovasculaire, il fait polémique depuis des années. Alors que des chercheurs français ont montré en 2004 qu’une consommation très modérée l’améliorerait ainsi que la pression artérielle et le cholestérol, réduisant au passage le risque de certains cancers, en juillet dernier, une étude britannique parue dans The Lancet a contré ces résultats. D’après les chercheurs, boire un verre de vin tous les jours n’aurait aucun effet bénéfique, bien au contraire. En effet, selon eux, cette habitude multiplierait les risques d’AVC de 10 à 15 %. 

Dans le doute, l’Association nationale de prévention en alcoologie et en addictologie recommande de “limiter sa consommation à deux verres par jour maximum et de ne pas consommer d’alcool tous les jours : maximum 2 verres par jour et pas tous les jours.”