- Moins de 4 millions de Français auraient été infectés par le coronavirus
- On est loin de l'immunité collective qui s'acquiert à partir d'un taux de 60 ou 70% de personnes touchées
- Le risque d'une deuxième vague épidémique après le déconfinement est réel
Quelles répercussions a eu le confinement sur la propagation du Covid-19 en France ? Quels sont les risques de développer une forme sévère de la maladie en cas d'infection ? Connait-on le niveau d’immunité dans la population française qui permettrait d'évaluer le risque de seconde vague épidémique ?
Des chercheurs de l’Institut Pasteur et du CNRS, en collaboration avec Santé publique France, ont tenté de répondre à ces questions en analysant les hospitalisations et les décès liés au virus en France.
“Les répercussions conséquentes” du confinement
Leurs résultats montrent que le confinement a eu des “répercussions conséquentes” et positives sur la transmission du virus dans la population, en entraînant une baisse du nombre de transmissions de 84% : le nombre moyen de personnes infectées par un cas est passé de 3,3 avant le confinement à 0,5 pendant le confinement. “Cela a conduit à une réduction du nombre journalier d’admissions en réanimation de 700 en fin mars à 200 en mi-avril”, écrivent les chercheurs dans un communiqué.
Si cette tendance se poursuivait, le nombre quotidien d’admissions en réanimation “devrait se situer entre 10 et 45 au 11 mai 2020”, date annoncée de la levée du confinement. “A cette date, près de 6% des Français devraient avoir été infectés par le SARS-CoV-2, avec une proportion plus importante en Ile-de-France (12,3%) et dans le Grand Est (11,8%).”
Dans le détail, actuellement, le risque d’hospitalisation est de 2,6% pour les personnes ayant été infectées par le SARS-CoV-2 (31% chez les hommes de plus de 80 ans). Le taux de mortalité chez les personnes infectées est de l’ordre 0,5% (mais de 13% chez les hommes de plus de 80 ans). “La probabilité de décès est 45% supérieure chez les hommes infectés que chez les femmes infectées, avec un différentiel qui augmente avec l’âge.”
L'après 11 mai
“L’objectif est de pouvoir dire plusieurs semaines à l’avance : si on continue sur cette trajectoire, voilà ce à quoi il faut s’attendre en nombre d’admissions, explique Simon Cauchemez, responsable de l’unité Modélisation mathématique des maladies infectieuses à l’Institut Pasteur et auteur de l’étude. Cela permettra de savoir s’il faut renforcer les mesures de contrôle ou au contraire si on peut les relâcher.”
Doit-on craindre une nouvelle vague épidémique après la levée du confinement ? Ou sommes-nous parvenus à créer une immunité collective qui nous protégera ? Selon les chercheurs, notre niveau d’immunité actuel est “très inférieur au niveau nécessaire pour éviter une seconde vague si toutes les mesures de contrôle devaient être levées. En effet, l’immunité collective nécessaire est actuellement estimée à 70%”. Par conséquent, sans vaccin, “des efforts importants devront être maintenus au-delà du 11 mai pour éviter une reprise de l’épidémie.”