Si nous avons eu du mal à nous faire au confinement, qu'en sera-t-il le 11 mai, lorsque nous pourrons à nouveau sortir alors que le danger n'est pas écarté ? Les Français réussiront-ils à se côtoyer et à se mélanger comme avant, notamment dans les transports et les lieux publics, où développeront-ils une agoraphobie liée au Covid-19 ?
Le risque de “développer des phobies de contamination”
“Même si la majorité de la population attend la levée du confinement avec impatience, il est fort possible que certaines personnes soient déjà en train d’anticiper des difficultés et imaginent d’éviter un certain nombre d’actions ou de déplacements avec la crainte d’être contaminées”, explique sur BFMTV le docteur Florian Ferreri, psychiatre à l’Hôpital Saint-Antoine (AP-HP). Selon lui, le risque lors de la levée du confinement est de “constater des conduites d’évitement (...) c’est-à-dire d’éviter des lieux ou des activités où il y a du monde et de développer des phobies de contamination.”
Si le confinement pèse sur les Français, il leur garantit depuis plusieurs semaines une certaine forme de sécurité. En effet, selon des chercheurs de l’Institut Pasteur et du CNRS, en collaboration avec Santé publique France, le confinement a eu des “répercussions conséquentes” et positives sur la transmission du virus dans la population, en entraînant une baisse du nombre de transmissions de 84%. Néanmoins, notre niveau d’immunité actuel est “très inférieur au niveau nécessaire pour éviter une seconde vague si toutes les mesures de contrôle devaient être levées”, nuancent-ils.
Une hausse de 5 à 10% de conduites d’évitement ?
Les Français se sentiront-ils donc en sécurité au moment de ressortir alors que le virus continue de se propager et qu'il n'existe encore aucun vaccin pour s'en protéger ? “Des études qui viennent d’Asie montrent entre 5 et 10% de conduites d’évitement. Le déconfinement peut faire apparaître ou réapparaître toutes les craintes liées à une potentielle contamination, à la foule, et tous les éléments stressants du quotidien”, précise le docteur Florian Ferreri.
Selon son expertise, il conseille “d'anticiper et d'avoir une juste information par rapport au risque imaginé, ne pas être esquiver les situations que l‘on appréhende. Même si cela peut paraître très difficile au début, le fait de se réexposer progressivement va permettre aux personnes de reprendre leur rythme et dépasser leurs craintes”. Enfin, le médecin rappelle qu'il “faut accepter, que l’on ne peut pas être dans un environnement indemne de tout danger.”