- Manger du sucre active le système de récompense du cerveau
- C'est l'arrivée du sucre dans l'intestin qui déclenche les signaux en direction du cerveau
Quand on commence à manger du chocolat, difficile de s’arrêter, c’est bien connu. De même pour les glaces ou les gâteaux. Mais pourquoi le sucre est-il si addictif chez l’Homme ? Manger du sucre active le système de récompense du cerveau et nous fait nous sentir bien. Toutefois, chacun le sait également, manger trop de sucre est très mauvais pour la santé. Dans une nouvelle étude parue dans la revue Nature, des chercheurs montrent qu’en plus du système de récompense, le sucre déclenche une voie neurologique distincte commençant dans l’intestin. Dans les intestins, les signaux annonçant l'arrivée du sucre voyagent jusqu'au cerveau, où ils nourrissent un appétit pour encore plus de sucre, ce qui expliquerait pourquoi nous sommes si accros à cette molécule magique.
Dans le passé, Charles Zuker, chercheur à l'Institut médical Howard Hughes (Etats-Unis), et son équipe avaient démontré que le sucre et les édulcorants artificiels activaient le même système de perception du goût. Une fois dans la bouche, ces molécules activent les récepteurs du goût sucré sur les papilles gustatives, qui déclenchent des signaux qui se rendent dans la partie du cerveau qui traite le sucré. Toutefois, les édulcorants ne provoquent pas la même addiction que les gens chez le sucre.
Afin de comprendre la différence entre les deux, Zuker et son équipe ont effectué un test opposant le sucre à l'édulcorant acésulfame K, utilisé dans les sodas diététiques, les sachets d'édulcorants et d'autres produits. En proposant à des souris de l’eau avec de l’édulcorant et de l’eau avec du sucre, ils se sont rendu compte que les souris préféraient l’eau sucrée. “Nous avons pensé que cette motivation inextinguible de l'animal pour consommer du sucre, plutôt que du sucré, pourrait avoir une base neurale”, explique Zuker.
“Des opportunités de stratégies pour réduire notre appétit insatiable pour le sucre”
En étudiant l’activité cérébrale des rongeurs alors qu’ils consommaient du sucre par rapport à un édulcorant artificiel, les chercheurs ont pour la première fois identifié la région du cerveau qui interagit uniquement au sucre : le noyau caudal du tractus solitaire (cNST). Situé dans le tronc cérébral, à l'écart de l'endroit où les souris transforment le goût, le cNST est un centre d'information sur l'état du corps. Le chemin vers le cNST commence dans la paroi de l’intestin. Là, les molécules du capteur déclenchent un signal qui passe par le nerf vague. Ce dernier fournit alors une ligne d’information directe des intestins au cerveau.
Ce circuit favorise une forme de sucre : le glucose et les molécules similaires et ignore les édulcorants artificiels. Il néglige également certains autres types de sucre, comme le fructose, présent dans les fruits.
“La découverte de ce circuit permet d'expliquer comment le sucre influence directement notre cerveau pour stimuler la consommation, explique Zuker, persuadé que la même voie de détection de glucose existe chez l’Homme. Il expose également de nouvelles cibles potentielles et des opportunités de stratégies pour aider à réduire notre appétit insatiable pour le sucre.”
Obésité, diabète de type 2, fatigue, problèmes cardiovasculaires…
Afin de mieux comprendre comment se développe la forte préférence du cerveau pour le sucre, les scientifiques étudient désormais les connexions entre ce circuit sucré intestin-cerveau et d'autres systèmes cérébraux, comme ceux impliqués dans la récompense, l'alimentation et les émotions.
Les risques liés à la surconsommation de sucre sont très nombreux. Cela peut notamment entraîner des problèmes de caries dentaires, des maladies cardiovasculaires, des troubles digestifs… Si vous rencontrez un coup de barre au cours de la journée, cela est peut-être car votre apport en sucre est trop élevé. Trop en manger fait également grossir puisqu’on stimule son insuline, l’hormone du stockage. On risque également d’épuiser son pancréas à force d’en fabriquer et de devenir insulinorésistant, d’où le risque de diabète de type 2, et à terme, d’obésité.