Les Français se laissent aller. Un sondage Ifop réalisé pour le site 24 Matins, révèle que si les gens se lavent beaucoup plus les mains qu’avant, ils sont bien moins nombreux à se procéder à une toilette complète quotidienne depuis le début du confinement. Surtout chez les hommes de plus de 65 ans.
Alors que 76% des sondés avaient pour habitude de procéder à une “toilette complète quotidienne”, ils ne sont plus que 67% à le faire. Dans le détail, seuls 61% des hommes déclarent se laver entièrement tous les jours, contre 74% des femmes. On remarque également que les seniors sont moins à cheval sur l’hygiène que les jeunes : 49% des hommes de plus de 65 ans déclarent se laver entièrement tous les jours contre 67% des moins de 25 ans.
“Cette absence de toilette quotidienne constitue, comme dans les précédentes enquêtes, un phénomène plutôt masculin, affectant avant tout les seniors dont les pratiques en matière d’hygiène ont été inculquées à une époque où le confort sanitaire de base (comme l’eau courante, la salle de bain, la douche…) n’était pas aussi répandu”, expliquent les auteurs du sondage.
Un abandon des sous-vêtements
Ce déclin de l’hygiène semble s’accompagner d’un abandon des vêtements. Ainsi, 68% des hommes déclarent changer quotidiennement de sous-vêtements, contre 73% avant le confinement. Là encore, les femmes sont plus rigoureuses puisque 91% d’entre elles changent encore de culotte tous les jours. En revanche, elles sont nombreuses à avoir renoncé au soutien-gorge : désormais, 8% d’entre elles n’ont portent presque jamais contre 3% avant. Concernant le slip masculin, 5% des hommes n’en portent “jamais” ou “presque jamais” contre 1% en février. Ainsi, oublier ses sous-vêtements apparaît comme “la grande tendance de cette période de confinement”, analyse l’Ifop.
“Alors que la peur d’être infecté par le virus a hissé les taux d’observance en matière de lavage des mains à des niveaux inégalés, le repli social lié au confinement a favorisé un relâchement de certaines habitudes en matière d’hygiène corporelle et vestimentaire, notamment chez les personnes isolées n’ayant plus besoin de donner une bonne impression aux autres”, explique François Kraus, directeur du pôle Politique/Actualité de l’Ifop.
L'importance du regard des autres
Même avant le confinement, les sondages sur l’hygiène montraient que les personnes isolées, géographiquement, professionnellement ou socialement, se lavaient globalement moins souvent que les autres. En février, l’Ifop avait déjà réalisé un sondage sur l’hygiène des Français. Il y apparaissait que seuls 59% des ruraux, 60% des chômeurs et 60% des femmes ne recevant jamais personne à leur domicile procèdent à une toilette complète quotidienne.
“Le manque de sociabilité joue fortement, puisque les mauvais comportements sont globalement plus répandus en milieu rural, chez les personnes au chômage ou chez les personnes recevant rarement des proches ou des amis chez eux. Le critère en la matière réside ainsi plus dans la perception du regard des autres que sur le niveau de vie des personnes”, expliquait alors François Kraus.
On remarquait également déjà que les femmes étaient globalement plus attachées à l’hygiène, puisque 82% d’entre elles déclaraient se laver entièrement tous les jours contre 72% des hommes. La même tendance était observable concernant les vêtements avec 94% des femmes changeant de culotte tous les jours contre 73% des hommes changeant de slip ou de caleçon à la même fréquence. Là encore, le phénomène était encore plus marqué chez les séniors puisque seuls 50% des hommes de plus de 65 ans disaient en changer tous les jours.
“Il est intéressant de noter que si les seniors, notamment les plus de 65 ans, sont moins rigoureux quant à la fréquence de changement de sous-vêtements, cela est lié à une fracture générationnelle en la matière. Cette catégorie de personnes a longtemps été éduquée selon un rythme de changement vestimentaire, de douche ou de toilette moins soutenu qu’aujourd’hui. Ainsi, malgré des progrès considérables en matière sanitaire, une partie non négligeable des seniors continue à avoir des pratiques hygiéniques proches de celles qu’ils ont connues dans leur enfance”, commentait François Kraus.
Un numéro vert pour soutenir les personnes déprimées
Depuis le confinement, tous ces phénomènes auraient donc été amplifiés, de nombreuses personnes ayant du mal à garder la tête hors de l’eau et s’abandonnant chaque jour davantage. Selon un sondage iFop réalisé pour Consolab dès le début dès la deuxième semaine, 41% des Français affirmaient être plus stressés, anxieux et neveux qu'avant tandis que 11% évoquaient des épisodes dépressifs et des pensées suicidaires plus régulières. Ce mal-être toucherait principalement les catégories les plus pauvres (55%), les familles avec deux enfants (58%), ou encore les personnes vivant dans une maison sans jardin (67%).
Pour faire face “à la souffrance psychique des enfants et des familles dans cette situation de catastrophe sanitaire”, des pédopsychiatres, psychologues et orthophonistes ont créé une ligne téléphonique d'urgence. Baptisée Ma Cabane, cette téléconsultation est ouverte pour tous du lundi au vendredi, de 8h à 18h, au 01 82 88 23 28.