- Très sollicités, les services de réanimation sont confrontés à une pénurie de certains médicaments
- L'Etat annonce qu'il va réquisitionner tous les stocks présents chez les pharmaciens
- Le recours à des produits à usage vétérinaire est même envisagé
Alors qu'une pénurie de médicaments menace les services de réanimation, l'Etat a décidé de réquisitionner tous les stocks de deux hypnotiques, le Midazolam et le Propofol, et trois curares, l’Atracurium, le Cisatracurium, et le Rocuronium à partir du 27 avril, des médicaments essentiels en réanimation.
Une note de la Direction générale de la santé a été envoyée aux pharmaciens, les informants que l'Etat allait saisir les stocks disponibles et serait le seul à pouvoir les acheter et les distribuer.
Une demande multipliée par mille
Ces molécules, utilisées en réanimation et en soins intensifs, commencent à faire défaut alors qu'elles sont indispensables “partout dans le monde et au même moment”, avait déclaré le premier ministre Edouard Philippe. Selon Frédéric Collet, président de la Fédération des entreprises du médicament, la demande de certains produits aurait été multipliée par mille.
“Nous avons, sur certains sites, augmenté par 40, voire 50 notre capacité de production en faisant tourner nos sites sept jours sur sept, 24 heures sur 24, explique-t-il à Europe 1. Sur certains traitements, nous avons livré en une semaine ce qu’on livre habituellement en un an ! Songez qu’on a environ 2,5 millions de patients concernés, dans 190 pays…”
Cependant, pour certains pharmaciens, la réquisition de l'Etat pose questions : “Pourquoi une mesure aussi brutale? s'interroge l'un d'eux cité par La Croix. N’était-il pas possible de voir venir la pénurie depuis le début de l’épidémie en Chine ? Comme pour les masques, on a l’impression qu’il n’y a aucune anticipation.”
En Ile-de-France, l'une des régions de France les plus touchées par l'épidémie, l’Agence régionale de santé (ARS) n’aurait commencé à faire l'inventaire des stocks de médicaments qu'autour du 1er avril, soit près de deux semaines après le début du confinement, alors que nous dépassions déjà la barre des 5 000 morts à l'hôpital.
Des médicaments destinés aux animaux utilisés
Un décret du 2 avril 2020 publié au Journal Officiel permet également d'utiliser des médicaments normalement destinés aux animaux pour pallier la pénurie. “En cas d'impossibilité d'approvisionnement en spécialités pharmaceutiques à usage humain, des médicaments à usage vétérinaire à même visée thérapeutique, bénéficiant d'une autorisation de mise sur le marché mentionnée à l'article L. 5141-5 du Code de la santé publique de même substance active, de même dosage et de même voie d'administration, peuvent être prescrits, préparés, dispensés et administrés en milieu hospitalier”, est-il précisé.
L'Agence du médicament (ANSM) était chargée de lister les médicaments vétérinaires pouvant être utilisés dans les services de réanimation et soins intensifs, lesquels seront remboursés par la Sécurité sociale, tandis que les médecins doivent faire remonter d'éventuels effets secondaires indésirables.