Le coronavirus n’a pour l’instant que peu réussi à pénétrer en Lozère. Le département n'a officiellement enregistré aucun mort dû au Covid-19 et seules quatre personnes ont dû être hospitalisées, selon l'Agence régionale de santé d'Occitanie. Deux personnes sont mortes en Ehpad, mais celles-ci n’ont pas été testées donc il est impossible de savoir si cela est dû au coronavirus.
Un rythme de vie pas bouleversé
L’une des principales raisons à ce chiffre réside dans la faible densité de population du département. “Les gens ont de l'espace et une vie saine ici, remarque Gilles Sieutat, un habitant de La Canourgue, à Franceinfo. Il n'y a quasiment aucun endroit où l'on peut se croiser.” Département le moins peuplé de France avec 76 422 habitants selon le dernier recensement de l’Insee en 2016, la Lozère compte une densité moyenne de population de 15 habitants par km2, contre 105 habitants par km2 au niveau national. Sur le papier, la Lozère apparaît comme une population âgée et donc à risque face au virus. Près de 28% des habitants ont 65 ans ou plus. “Les personnes âgées se déplacent moins, du fait de la géographie, mais aussi parce que la plupart sont issues du milieu agricole. Elles ont l'habitude de cette vie autarcique, d'avoir des congélateurs et de ne pas multiplier les courses”, décrit le député Pierre Morel-À-L’Huissier.
Le confinement n’a pas bouleversé le rythme de vie des habitants. Pour preuve, seulement 1% des personnes contrôlées ont été verbalisées depuis le début du confinement, selon la gendarmerie qui s’applique à effectuer des contrôles “raisonnés”. “La semaine dernière, on a trouvé quelqu'un qui était descendu de Paris avec son fils et qui se promenait dans la forêt. On l'a verbalisé et encouragé à retourner à Paris, rapporte Philippe Trinckquel, qui dirige le groupement de gendarmerie de Lozère. Mais des gens qui vivent à l'orée d'un bois, on ne va pas contrôler s'ils sont à 1,5 km ou 1,6 km de chez eux.”
Une grande anticipation
Le département a également réussi à se mobiliser rapidement, notamment pour éviter la pénurie de masque. “On avait un stock d'environ 6 000 masques chirurgicaux et FFP2 qui dataient de l'épidémie de H1N1 qu'on a distribués aux personnels soignants, aux médecins, aux infirmiers, explique Laurent Suau, le maire PS de Mende, la préfecture du département. Ils étaient périmés, mais on a été autorisés à les utiliser et ça a bien dépanné” Ce dernier ajoute que la petite taille du département et le faible nombre d’habitants font que les élus se connaissent, facilitant la communication et la réactivité. “Les décisions se prennent vite et sont appliquées rapidement”, appuie-t-il. Un service téléphonique a été mis en place pour les personnes isolées ou vulnérables afin de “garder un lien”.
Dans les hôpitaux, l’anticipation a également été de mise. “Fin février, on s'est tous mis autour de la table pour réfléchir à une organisation en anticipation de ce qu'on voyait chez nos collègues de l'Est”, raconte Jean-Claude Luceno, directeur de l'hôpital Lozère. Avec son équipe, il a mis en place une cellule de crise à partir du 24 février et ouvert début mars un service de 9 lits dédiés aux patients atteints du Covid-19. “On a ouvert un deuxième service de 19 lits puis de 23 lits, pour distinguer les cas confirmés et les cas suspects”, raconte-t-il. Le service qui accueille ces 23 lits a depuis été fermé, faute de patients.
Le déconfinement constitue un challenge pour le département. “Comme nous avons très peu de cas, et donc très peu d'immunisation, il faudra faire attention au déconfinement à ce qu'il n'y ait pas de rebond, met en garde le député Pierre Morel-A-L'Huissier. Si on arrive en été, comme nous sommes un territoire touristique, il faudra faire attention aux déplacements de populations.” Des tests quotidiens sont menés par une équipe mobile. “On forme des équipes avec des infirmiers, des médecins, pour qu'elle puisse se mobiliser si un cas se présente dans un établissement, décrit Jean-Luc Luceno. Le Covid-19 va durer plusieurs mois, on l'a bien intégré.”