« Nous devons être certains de ne passer à côté d’aucun cas positif ! ». C’est, formulé par son directeur général, Nicolas Revel, le credo de l’Assurance Maladie dans son accompagnement de desserrage du confinement qui doit débuter le 11 mai. Et pour y parvenir dans le but de « casser la chaîne de contamination » par le coronavirus, elle va organiser avec les médecins de ville une véritable traque des nouveaux cas de Covid-19.
« Ce n’est pas l’Assurance Maladie toute seule qui est en charge de cette nouvelle stratégie », précise Nicolas Revel au lendemain de l’annonce par le premier Ministre Edouard Philippe de la mise en place de « brigades de cas contacts ». Une opération qui, selon le patron de l’Assurance Maladie, doit « d’abord s’appuyer sur les médecins de ville ».
700 000 tests disponibles chaque semaine
Concrètement, de quoi va-t-il s’agir ? A partir du 11 mai, date à laquelle 700 000 tests seront disponibles chaque semaine, toute personne ressentant les symptômes de Covid-19 devra contacter son médecin qui prescrira un test pour vérifier qu’il s’agit bien d’un cas positif.
Le médecin devra enregistrer les données du patient dans un système qui va en informer l’assurance maladie et enregistrer également les données de l’entourage familial ou de ceux qui partagent le foyer de la personne malade.
Sur le mode facultatif, le médecin pourra aussi interroger le patient pour recueillir toutes les données possibles sur les « contacts », c’est-à-dire toutes les personnes que le patient aura pu approcher hors du cadre familial dans les 48 heures précédant le test. Les autorités sanitaires évaluent à une vingtaine de personnes en moyenne les « cas contacts » à relier à chaque patient.
Une fois que les données sur l’entourage et les cas contacts auront été transmis par le médecin, l’Assurance Maladie se mettra en relation avec toutes ces personnes pour leur demander de se faire tester en leur indiquant où cela peut se faire et en les enjoignant de rester chez elles. Un arrêt de travail leur sera automatiquement délivré et un masque leur sera fourni gratuitement.
Les équipes de l'Assurance maladie mobilisées
« Nous devrons nous assurer que les médecins agissent dans des délais rapides, si on perd du temps, on laisse le virus circuler », avertit Nicolas Revel. Dans le cas où, la recherche des « cas contacts » ne pourra pas se faire par le médecin ou si celui-ci tarde trop à réaliser cette « enquête », ce sont les services de l’Assurance Maladie qui s’en chargeront. « Nous avons chez nous des médecins, de infirmiers et les collaborateurs des caisses qui ont l’habitude de contacts avec les assurés et qui sont tenus au secret professionnel », rassure Nicolas Revel pour couper court à toute défiance vis-à-vis du respect du secret médical.
Cette procédure qui, aussitôt après son annonce par le premier Ministre avait provoqué une réaction très vive de la part des médecins libéraux, finit, une fois décryptée, par recueillir leur adhésion. « C’est bien le rôle du médecin traitant de recueillir ces informations, on revient d’ailleurs à une notion à laquelle nous sommes attachés qui est celle du médecin de famille », remarque le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la Confédération des Syndicats Médicaux Français.
Des aménagements législatifs
Et par ailleurs, ces démarches de repérage des cas de Covid-19 se feront dans un cadre juridique réadapté. « Il y aura une extension du rôle de l’Assurance Maladie et différents acteurs auront à manipuler des données de santé qui ne seront pas anonymes, nous avons donc besoin d’aménagements législatifs qui vont être votés dans les jours qui viennent », précise Nicolas Revel.
A la veille du lancement de cette campagne d’identification des nouveaux cas de Covid-19, le patron de l’Assurance Maladie lance à son tour un appel au civisme et à la responsabilité : « Ceux qui ressentent les symptômes ne doivent pas attendre plusieurs jours avant d’aller consulter leur médecin … à ce moment-là, ils auront déjà croisé beaucoup de monde ! ». En revanche, il souligne que les 700 000 tests par semaine dont la disponibilité le 11 mai a été annoncée par le premier Ministre seront bien exclusivement consacrés à ces opérations de dépistage : « Cette capacité va couvrir nos besoins, mais si d’autres structures comme des entreprises veulent réaliser des tests, ce ne sera pas possible, ils sont tous réservés dans le cadre de notre stratégie ».
Retrouvez ci-dessous les interviews de Nicolas Revel et du Dr Jean-Paul Ortiz par le Dr Jean-François Lemoine: