La communauté scientifique internationale est en effervescence afin de trouver les moyens d'endiguer la pandémie mondiale de Covid-19. Outre la course à l'élaboration d'un vaccin, les chercheurs se sont lancés dans celle au développement d'un traitement pour les personnes contaminées. Si la France débat depuis plusieurs semaines de l'efficacité et de la fiabilité du traitement à la chloroquine du professeur Didier Raoult, les États-Unis pourraient bien être sur une piste.
Les chercheurs espèrent la participation de 1 174 personnes
Comme le rapporte Science Magazine, un essai clinique est actuellement mené à partir de la famotidine dans l'État de New York. Il s'agit de l'ingrédient actif du Pepcid, un médicament grand public utilisé contre les brûlures d'estomac.
Entre le 7 et le 25 avril, 187 patients en état critique — dont beaucoup sous respirateur — des hôpitaux du réseau de soins de santé Northwell Health en ont reçu. La famotidine leur a été administrée par voie intraveineuse, grâce à une dose équivalente à neuf fois celle habituellement recommandée en cas de brûlures d'estomac. L'essai débute seulement : les chercheurs aimeraient atteindre le nombre de 1 174 participants.
“S'il marche, nous le saurons dans quelques semaines”
Si les scientifiques se sont penchés sur la famotidine, c'est parce que des rapports venant de Chine et les résultats de la modélisation moléculaire suggèrent son efficacité. En effet, elle semble être liée à une enzyme clé dans le syndrome respiratoire aigu sévère lié au nouveau coronavirus.
Néanmoins, Kevin Tracey, le vice-président exécutif du système de recherche de Northwell Health, se montre prudent quant aux effets supposés bénéfiques du médicament. “S'il marche, nous le saurons dans quelques semaines", a-t-il déclaré à Science Magazine, en précisant qu'il faudrait déjà attendre d'avoir 391 participants à l'essai pour avoir des résultats provisoires. Pas question, donc, de faire des stocks de Pepcid et de céder à l'automédication.
Un meilleur taux de survie pour les personnes sous famotidine
L'essai clinique a été initié par Michael Callahan, un docteur spécialisé dans les maladies infectieuses, basé au Massachusetts General Hospital, à Boston. Se trouvant en Chine dans le courant du mois de janvier pour un projet sur la grippe aviaire, il a décidé de se joindre à ses collègues chinois à Wuhan, lorsque l'épidémie de Covid-19 s'y est développée.
Alors qu'ils étudiaient les dossiers de 6 212 personnes atteintes du virus, les chercheurs ont constaté qu'une grande partie de celles qui y avaient survécu souffraient de brûlures d'estomac chroniques et étaient sous famotidine. En effet, les patients qui en prenaient présentaient un taux de décès de 14%, contre 27% pour les autres. Une hypothèse qui mérite d'être testée, selon Michael Callahan.