Nos intestins renferment des milliards de bactéries : elles sont plus nombreuses que le total de cellules qui composent notre corps. Elles sont primordiales au bon fonctionnement du système digestif mais elles pourraient aussi avoir des liens avec le système immunitaire. Des chercheurs constatent que des modifications du microbiote peuvent ralentir la croissance des tumeurs liées au tabac chez des souris. Leurs conclusions devaient être présentées lors de la Digestive Disease Week à Chicago, annulée à cause de l’épidémie de coronavirus. Selon Eurekalert!, elles seront publiées prochainement dans la revue Gastroenterology.
Des souris “fumeuses” !
L’équipe scientifique a testé ses hypothèses sur 4 groupes de souris : l’un a reçu un placebo à base de solution saline, le second a consommé des antibiotiques afin de stériliser ses intestins, le troisième a été exposé à la fumée de cigarette pendant les 4 semaines précédant l'étude, et le dernier groupe a cumulé antibiotiques et exposition à la fumée de cigarette. Chaque souris a reçu une injection de cellules cancéreuses, et les "fumeuses" ont été confrontées à la fumée de cigarettes pendant deux mois. Au fil des semaines, les chercheurs ont observé la croissance des tumeurs.
Leur premier constat est que la cigarette a provoqué la croissances des tumeurs quel que soit le type de cancer (colon, pancréas ou vessie), sauf chez les souris qui prenaient des antibiotiques. Chez elles, les tumeurs se sont développées aussi lentement que chez les souris les mieux protégées, c'est-à-dire celles qui prenaient des antibiotiques sans être exposées au tabac.
Un lien entre système immunitaire, microbiote intestinal et cancer
Une deuxième expérience a été menée avec des souris dont le système immunitaire a été génétiquement modifié. Les changements du microbiote n’ont pas ralenti la croissance du cancer en cas d’exposition au tabac. Selon les chercheurs, cela signifie que les interactions du microbiote avec le système immunitaire ont un impact sur le développement des tumeurs.
“Si cette même relation est constatée lors d’études chez l’humain, des traitements capables de modifier le microbiote intestinal pourraient améliorer la prise en charge des cancers chez les fumeurs”, analyse Prateek Sharma, l’un des auteurs principaux de cette étude. Les prochaines études auront pour objectif d’identifier la “mauvaise bactérie” à l’origine de ces liens entre cancer, microbiote et système immunitaire. Elle pourrait ensuite être éliminée grâce à des antibiotiques ou via la transplantation d’autres bactéries grâce aux probiotiques ou à la greffe fécale.