Un médicament déjà homologué pour le traitement des cancers du sein et des ovaires également efficace chez certains hommes atteints du cancer de la prostate à un stade avancé ? L'idée peut sembler farfelue. Pourtant, elle a bien fait l'objet d'une étude publiée dans la revue The New England Journal of Medicine.
En effet, une équipe de chercheurs internationale a analysé les effets de l'olaparib, un médicament capable de s'attaquer à un talon d'Achille du cancer de la prostate, tout en épargnant les cellules saines. En ciblant génétiquement le médicament, les scientifiques se sont concentrés sur les hommes ayant un ou plusieurs gènes de réparation de l'ADN défectueux. Ainsi, l'étude souligne qu'il est indispensable d'identifier différents groupes de patients en fonction de leur génétique et d'adapter le traitement en conséquence.
Le délai moyen de 3,5 mois passé à 5,8 mois
Pour mener à bien leurs travaux, les chercheurs ont suivi 387 hommes atteints d'un cancer de la prostate avancé et présentant des altérations dans un ou plusieurs des 15 gènes de réparation de l'ADN. Résultat : l'olaparib a considérablement retardé la progression de la maladie. En moyenne, le délai avant l'aggravation du cancer était de 5,8 mois, contre 3,5 mois avec un traitement hormonal ciblé.
Autre donnée encourageante : les effets indésirables les plus fréquents ont été l'anémie et les nausées, déjà associées au médicament dans le passé. Selon les scientifiques, il s'agit d'un traitement bien toléré, beaucoup plus doux que la chimiothérapie. Ils notent cependant qu'un suivi plus long sera nécessaire pour démontrer de manière concluante une optimisation de la survie.
“L'olaparib peut surpasser les traitements hormonaux ciblés”
“Nos résultats montrent que l'olaparib peut surpasser les traitements hormonaux ciblés chez certains hommes atteints d'un cancer de la prostate à un stade avancé, assure le professeur Johann de Bono, co-auteur de l'étude et professeur à l'Institute of Cancer Research, à Londres, dans un communiqué publié sur le site de l'établissement. C'est excitant de voir qu'un médicament qui allonge déjà la vie de nombreuses femmes atteintes d'un cancer de l'ovaire et du sein montre à présent des avantages aussi évidents dans le cancer de la prostate.”
Vers une utilisation dans le système de santé publique du Royaume-Uni ?
“Ces découvertes majeures signifient que l’olaparib est désormais appelé à devenir le tout premier médicament génétiquement ciblé pour la maladie", estime pour sa part le professeur Paul Workman, directeur général de l’Institute of Cancer Research. À présent, les scientifiques espèrent que l'olaparib devienne disponible dans le système de santé publique du Royaume-Uni dans les années à venir.
Ensuite, ils chercheront comment combiner l'olaparib avec d'autres traitements. “Cela pourrait aider les hommes atteints d'un cancer de la prostate et ayant des gènes de réparation de l'ADN défectueux à vivre encore plus longtemps", estime Johann de Bono. Autre objectif : prévenir et surmonter la résistance aux médicaments.