De nombreux experts attendent l’arrivée de l’été pour affaiblir le SARS-CoV-2. En effet, plusieurs études ont montré que la température et l’humidité pourraient affecter le virus responsable du Covid-19. Toutefois, il n’est pas certain que cela suffise à vraiment inverser la courbe épidémique. Qui plus est, à terme, la maladie pourrait bien revenir tous les ans de façon saisonnière, s'inquiètent les scientifiques.
Selon une étude chinoise, publiée le 3 avril sur le site Arxiv.org, le virus serait assez sensible à l’humidité et à la chaleur pour que sa contagion soit ralentie quand l’été arrivera dans l’hémisphère nord. “Une augmentation de 1°C de la température et de 1% de l'humidité relative fait baisser le R de 0,0225 et 0,0158, respectivement”, expliquent les chercheurs. On mesure l’effet de la transmissibilité par le taux R0. Ce dernier représente le nombre de personnes contaminées par un cas. En dessous de 1, le nombre de malades passe en dessous de celui des personnes contaminées et l’épidémie disparaît naturellement. Cependant ici, alors que que le taux R0 du Covid-19 a été évalué à 3,3 avant le confinement cet hiver, il ne pourrait pas passer en dessous de 2 cet été et resterait donc bien trop élevé : chaque malade en contaminerait deux qui en contaminerait quatre puis huit…
Aux Etats-Unis, d’autres travaux, dont les résultats préliminaires (c’est-à-dire pas encore validés par les experts) sont parus le 22 avril dans la revue Medical Xpres, montrent que le virus serait sensible aux rayons ultra-violets. “L'une des plus grandes incertitudes pour la projection du risque Covid-19 futur est la façon dont les températures affectent sa dynamique de transmission future. Le SARS-Cov-2 pourrait être particulièrement sensible aux conditions météorologiques parce qu'il survit plus longtemps en dehors du corps humain que les autres virus. L'augmentation des températures et l'humidité de l'été dans l'hémisphère nord pourrait réduire les taux de transmission du SRAS-CoV-2, ce qui laisse du temps pour le rétablissement du système de santé, le développement de médicaments et de vaccins, et un retour à l'activité économique”, notent les chercheurs.
Selon eux, les variations du R0 seraient sensibles à 20% aux variations à l’exposition aux rayons du soleil. Ainsi, la maladie “diminuera temporairement pendant l'été, rebondira à l'automne et atteindra un pic l'hiver prochain”, prévoient-ils.
L'importance de l'immunité
Toutefois, admettons que l’été aide vraiment à ralentir la propagation du virus, nous ne sommes pas encore suffisamment immunisés pour que cela renverse la courbe épidémique, assure une étude américaine parue dans la revue Science. En France, selon l’Institut Pasteur, à la mi-avril seule 6% de la population avait été contaminée par le virus du Covid-19. Ce qui signifie que 94% de la population y est encore vulnérable. Or, en attendant l’arrivée d’un vaccin, l’immunité compte plus que tout. Dans une moindre mesure, le degré d'immunité croisée (commune) avec les coronavirus du rhume, pourrait également jouer, avancent les chercheurs de l’étude parue dans Science.
Pour l’heure, on ignore encore le degré d’efficacité et de durée des anticorps chez les personnes infectées par le SARS-CoV-2. Toujours d’après l'Institut Pasteur, qui est en train de développer un test sérologique à la pointe de la technologie pour gérer au mieux l’après-confinement en France, des anticorps anti-Covid-19 ont été détectés chez 32% des individus ayant présenté des symptômes légers dans les 15 jours avant les prélèvements. Chez les patients hospitalisés pour le coronavirus, les anticorps apparaissent dès 5-6 jours après les premiers symptômes et auraient une activité neutralisante dès 7-14 jours, précise l’Institut.
“Des épidémies hivernales récurrentes…”
D'après la modélisation mise en place par les chercheurs d’Harvard, “si l'immunité au CoV-2 du SRAS est permanente, le virus pourrait disparaître pendant cinq ans ou plus après avoir provoqué une flambée majeure”. En revanche, si elle s’avérait durer moins d’un an comme celle du rhume, la maladie pourrait revenir chaque hiver à partir de 2025, fin prévue de la période endémique. “Si l'immunité au SARS-CoV-2 diminue de la même manière que celle des coronavirus apparentés, des épidémies hivernales récurrentes sont susceptibles de se produire dans les années à venir”, expliquent les scientifiques.
Actuellement, les quatre coronavirus endémiques déjà connus des humains sont responsables de 10 à 15% des infections hivernales courantes. Dans les climats tempérés, ils présentent un pic entre décembre et avril et sont à peine détectables l’été. “Il est possible que ce virus (Sars-CoV-2) soit en partie sensible à certains aspects climatologiques qui pourraient jouer un rôle, avait déjà déclaré le professeur Jean-François Delfraissy, président du conseil scientifique français Covid-19, sur la chaîne de télévision LCP le 15 avril, mais “il y a encore beaucoup d'inconnu.”