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Avancée médicale

Journée mondiale des orphelins du Sida : une pandémie depuis plus de 15 ans

Par Barbara Azaïs

La Journée mondiale des enfants orphelins du Sida ce 7 mai est l'occasion de faire le point sur la recherche et les différents traitements disponibles.

Herraez/iStock
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Toutes les 15 secondes dans le monde, un parent décède du Sida, faisant ainsi augmenter le nombre d'orphelins du Sida, aujourd'hui estimé à 17,5 millions. Le syndrome d'immunodéficience acquise, ou Sida, est un ensemble de symptômes résultant de la destruction des cellules du système immunitaire par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH). Le Sida est le dernier stade de l'infection du VIH.

Il existe trois modes de transmission du virus : par voie sexuelle lors d'un rapport non protégé, par voie sanguine et de la mère à l'enfant, soit in utero durant les dernières semaines de gestation, soit au cours de l'accouchement, soit pendant l'allaitement. Si l'épidémie s'est déclarée dans les années 1970 et qu'elle a été déclarée pandémie mondiale en 2002, il n'existe à ce jour aucun vaccin contre le VIH. La meilleure façon de s'en prémunir demeure donc le port du préservatif pendant les rapports.

Les médicaments antirétroviraux

Il existe des traitements antirétroviraux, mais uniquement pour ralentir la propagation du virus dans l'organisme, non pour l'éradiquer. Plus précisément, les médicaments antirétroviraux agissent en bloquant la multiplication du VIH : “Un(e) patient(e) séropositif(ve) qui ne prend pas de médicaments antirétroviraux peut avoir une charge virale élevée, cela veut dire qu’elle a beaucoup (plusieurs milliers, voire plusieurs millions) de copies de virus par millilitre de sang, développe le site Prévention Sida. L’objectif du traitement antirétroviral est de rendre la charge virale la plus faible possible.” On parle alors de charge virale indétectable. 

Dans ce cas, le/la patient(e), qui doit suivre ce traitement de façon assidue à vie, se sent mieux et ne peut plus transmettre le virus lors d'un rapport sexuel non protégé. Le virus est comme endormi. “On a observé un recul considérable des taux de mortalité lorsqu’on utilise un schéma antirétroviral puissant, en particulier aux premiers stades de l’infection”, note l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Ces séropositifs qui s'ignorent

Selon les statistiques d'ONUSIDA, environ 37,9 millions de personnes (à peu près 36,2 millions d'adultes et 1,7 million d'enfants de moins de 15 ans) vivaient avec le VIH en 2018 dans le monde, parmi lesquelles 1,7 million avaient été infectées cette même année. A la fin de juin 2019, environ 24,5 millions d'entre elles avaient accès au traitement antirétroviral, ce qui suggère qu'au moins 13,4 millions des personnes séropositives dans le monde n'étaient pas traitées, si ce n'est plus.

En effet, 25,5 millions de personnes sont séropositives en Afrique subsaharienne, dont plus de la moitié l'ignore. En 2009, on estimait qu'en France, un tiers des personnes infectées ignoraient également qu'elles l'étaient, notamment parce que le dépistage n'est pas obligatoire, si ce n'est lors d'un don de sang, de sperme, d'organe et lors d'une fécondation in vitro. Dans de nombreux cas, l'infection par le VIH passe inaperçue et le patient apprend sa séropositivité lorsqu'il a déjà le Sida. 

Où en est la recherche ?

Les scientifiques du monde entier sont très investis dans la recherche contre le Sida, comme en témoignent l'augmentation de l'espérance de vie en cas d'infection au VIH et l'allègement des traitements, par rapport aux années 1980-90. Malgré tout, 770 000 personnes sont mortes du Sida en 2018 : le manque de vigilance en Occident, ainsi que les conditions de vie en Afrique subsaharienne, notamment des femmes qui peinent à imposer le préservatif ou sont plus régulièrement victimes de rapports forcés, rendent l'épidémie difficile à contenir. 

Si la littérature scientifique fait état de nombreuses avancées, le cas d'un deuxième patient totalement guéri du Sida grâce à une greffe de moelle osseuse rapporté dans The Lancet (10 ans après le premier cas de guérison) constitue un espoir considérable. En 2019, son cas avait été présenté lors d’une conférence américaine. Il était alors considéré en rémission. Le 10 mars dernier, les équipes médicales étaient unanimes : il est officiellement guéri. Le célèbre “patient de Londres” n'est plus traité et n'a plus aucune trace du virus dans le sang.

A l'origine, il avait reçu cette greffe pour soigner son cancer du sang. Les cellules-souches greffées étaient issues de donneurs porteurs d’une mutation génétique rare, CCR5, qui bloque l’implantation du VIH. “Je sens une sorte de responsabilité à aider les médecins à comprendre comment cela a pu se produire pour qu’ils puissent développer cette technique”, a-t-il expliqué au New York Times. Le fait d’être guéri de son cancer et du Sida était pour lui “surréaliste”.

Ses médecins restent néanmoins prudents. Le professeur Ravindra Kumar Gupta, de l’université de Cambridge (Royaume-Uni) précise: “Il est important de prendre en compte le fait que ce traitement curatif est à haut risque, il ne doit être utilisé qu’en derniers recours chez des patients infectés par le VIH et qui ont également des tumeurs malignes hématologiques potentiellement mortelles.” D’après lui, ce traitement ne sera pas proposé aux personnes qui répondent positivement aux traitements antirétroviraux.