Dans le monde entier, la cigarette électronique est extrêmement populaire auprès des adolescents. Inquiets que des jeunes qui n’avaient jamais fumés de cigarettes traditionnelles avant ne développent une dépendance à la nicotine à cause du vapotage, des chercheurs ont essayé de comprendre les facteurs influençant cette tendance. D’après l’étude parue le 5 mai dans la revue Public Health Nursing, cet engouement serait surtout dû à la possibilité de mélanger les goûts et les arômes.
Ici, des chercheurs ont suivi 1 556 adolescents en Corée du Sud. Parmi eux, 55,1 % ont déclaré avoir utilisé des e-cigarettes pendant 6 à 30 jours au cours du mois écoulé et 44,9 % avoir vapoté pendant 1 à 5 jours. Les scientifiques ont remarqué que les ados fument la cigarette électronique car ils pensent qu’elle est moins nocive que la traditionnelle. Elles sont également plus faciles à acheter et les attirent grâce à leurs saveurs différentes. En outre, les utilisateurs fréquents ont tendance à avoir plus d’argent de poche et à être exposé au tabagisme passif à la maison. Pour les chercheurs, les ados qui continuent à fumer régulièrement la cigarette électronique sont donc influencés par des facteurs interpersonnels et environnementaux.
“En raison des caractéristiques des e-cigarettes, telles que la facilité d'achat et l'ajout de goût et d'arômes, le risque de poursuite de l'usage chez les adolescents est particulièrement élevé, explique l'auteur correspondant Hyunmi Son, professeur associé à l'université nationale de Pusan (Corée du Sud). La réglementation des e-cigarettes peut empêcher la poursuite de l'usage chez les adolescents”, conclut-il.
Le vapotage d’autant plus risqué pour les jeunes dont le cerveau se développe encore
Depuis son apparition sur le marché, la cigarette électronique ne cesse d’alimenter les polémiques. Certaines études disent qu’elle augmenterait les maladies chroniques de poumon et aurait des effets néfastes sur la santé cardiovasculaire, tandis que d’autres la recommandent pour les fumeurs essayant d’arrêter le tabac. Après de nombreuses années de flou, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a finalement rendu en janvier 2020 un rapport sur la cigarette électronique, assurant que celle-ci était bel et bien dangereuse pour la santé.
D’après l’OMS, les e-cigarettes augmentent le risque de maladie cardiaque et de troubles pulmonaires. Selon ses conclusions, elles sont encore plus risquées pour les adolescents car le cerveau termine son développement autour de 25 ans. Pire encore, le vapotage passif exposerait ceux qui le subissent à la nicotine et à d’autres produits chimiques dangereux. Quant à l’éventuelle utilité de l’e-cigarette pour se déshabituer peu à peu de la cigarette traditionnelle et finalement arrêter de fumer, l’Organisation estime qu’il n’y a pas de preuve suffisante de l’efficacité du vapotage dans le sevrage tabagique. Ses chercheurs recommandent donc aux fumeurs de plutôt se tourner vers des produits de substitution comme les patchs ou les gommes.
Différentes réglementations en vigueur pour protéger les jeunes
En France, les cigarettes électroniques sont officiellement interdites aux mineurs. La loi Hamon publiée au Journal officiel en mars 2014 rend illégale la vente de “produits du tabac (…), des cigarettes électroniques ou toute autre forme d’inhalateur électromécanique ou électronique simulant l’acte de fumer ; des liquides, contenant ou non de la nicotine, ayant pour objet d’être consommés avec une cigarette électronique ou avec toute autre forme d’inhalateur électromécanique ou électronique simulant l’acte de fumer” aux moins de 18 ans.
Aux Etats-Unis, devant l’immense engouement des jeunes pour la cigarette électronique, de nouvelles réglementations ont récemment été instaurées. Pour les vapoteuses de type Juul, leader du marché, qui utilisent des recharges, cartouches ou pods, les arômes fruits, mangues ou bonbon, particulièrement plébiscités par les ados, sont interdits à la vente depuis le mois de février. Seuls les arômes tabac et menthol, bien moins populaires, peuvent désormais être vendus. Toutes les saveurs restent en revanche autorisées pour les cigarettes électroniques qui utilisent des réservoirs rechargeables permettant aux consommateurs de faire leurs propres mélanges entre nicotine, cannabis et arômes. La raison officielle étant que les utilisateurs de ce genre de produits sont surtout des adultes et qu’ils sont vendus dans des magasins spécialisés censés mieux contrôler l’âge de leurs clients.