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Coronavirus : et si la gravité des symptômes était liée à la génétique du patient ?

Par Anaïs Col

L'aggravation des symptômes liés au Covid-19 pourrait avoir un lien avec le patrimoine génétique des patients.

Humonia/iStock

Existe-t-il une prédisposition génétique à l'aggravation des symptômes du Covid-19 ? Les gènes des personnes infectées jouent-ils un rôle dans l'évolution de la maladie ? Car si tout commence à cause du virus, comment expliquer que les réactions des patients Covid soient si différentes ?

Les symptômes du Covid-19 varient-ils selon les gènes ?

Depuis le début de l'épidémie, nous observons une grande variation de cas : une personne infectée sur 5 est asymptomatique, beaucoup développent des symptômes et sont cloués au lit, quand d'autres en revanche, ont besoin d'une assistance respiratoire et sont plongés dans le coma en réanimation.

Plusieurs paires de jumeaux ainsi que des frères et soeurs sont décédés à quelques heures ou quelques jours d'intervalle du Covid-19. Selon le professeur Tim Spector, chef de la recherche sur les jumeaux et de l'épidémiologie génétique au King’s College de Londres, cité par le Guardian, les symptômes du nouveau coronavirus semblent dépendre à 50% de la génétique.

Des études sont nécessaires pour déterminer quels gènes sont impliqués, mais il semblerait que la constitution génétique d'une personne puisse influencer les récepteurs que le virus utilise pour envahir les cellules de l'organisme.

Les maladies infectieuses, peut-être des maladies génétiques

Le généticien français Jean-Laurent Casanova, co-directeur du laboratoire de génétique humaine des maladies infectieuses, s'interrogeait déjà  sur la probabilité que les maladies infectieuses soient en fait aussi des maladies génétiques dans les années 2000.

L’équipe de Jean-Laurent Casanova a identifié une vingtaine de maladies génétiques pouvant engendrer une très grande susceptibilité à des infections, notamment à la tuberculose. “Dans l'ensemble, ce travail fournit la preuve de principe que les maladies infectieuses sévères chez les individus par ailleurs en bonne santé, notamment des enfants et des adolescents, peuvent résulter d'erreurs congénitales touchant un seul gène de l'immunité, explique l'Inserm. Cela fournit une base solide pour une théorie génétique des maladies infectieuses, qui va au-delà de la théorie microbienne.”

Dans le cas du Covid-19, il explique que les jeunes patients hospitalisés en réanimation ou décédés alors qu'ils étaient en bonne santé pourraient avoir “des variations génétiques sont silencieuses jusqu’au moment de la rencontre du virus”. A l'inverse, les personnes très exposées au virus sans être infectées, comme de nombreux soignants ou conjoints des patients, pourraient avoir “des variations génétiques qui les rendent résistants au virus.” 

Mais comme souvent, les avis des scientifiques divergent. Marcus Munafo, professeur de psychiatrie biologique à l'université de Bristol (Royaume-Uni) appelle à ne pas tirer de conclusions trop actives : “Quand des jumeaux ou des frères et sœurs meurent tragiquement du Covid-19, cela capte notre attention, mais cela ne signifie pas qu'il y ait une raison particulière de penser que les jumeaux ou les frères et sœurs sont plus à risque.”