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Méta-analyse

Autisme : la prise d'antidépresseurs pendant la grossesse n'augmenterait pas les risques

Par Raphaëlle de Tappie

Alors que certaines recherches ont fait un lien entre prise d'antidépresseurs pendant la grossesse et autisme de l'enfant, une méta-analyse de plusieurs études sur le sujet assure qu'il n'en est rien. 

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Les troubles du spectre de l’autisme (TSA) concernent une naissance sur cent. En France, environ 700 000 personnes en seraient atteintes, dont 100 000 de moins de vingt ans, selon l'Inserm. Les premiers signes évocateurs de la maladie se manifestent avant les trois ans de l’enfant. Ils se caractérisent par un trouble de la communication, des difficultés à avoir des interactions sociales et des anomalies comportementales. Si les origines de la maladie sont surtout génétiques, d’autres facteurs intervenant pendant la grossesse et autour de l’accouchement peuvent perturber le développement cérébral de l’enfant. Plusieurs études ont notamment fait le lien entre l’utilisation prénatale d’antidépresseur par la mère et l'autisme chez sa progéniture. Toutefois, d’après une méta-analyse récemment publiée dans The American Journal of Psychiatry, le fait qu’une femme consomme des antidépresseurs pendant sa grossesse ne semble pas augmenter les risques.  

Pour en arriver à cette conclusion, le docteur Jeffrey Newport, directeur du programme de santé mentale reproductive des femmes à la clinique Mulva de l'université du Texas à Austin (Etats-Unis) et professeur de psychiatrie à la Dell Medical School de cette même université, a examiné 14 études sur le sujet. Dans son analyse, Newport affirme que les études ayant fait le lien entre utilisation prénatale d’antidépresseurs et autisme n’ont pas tenu compte du biais de constatation, qui a lieu quand un groupe de patients est testé plus souvent que les autres. Selon lui, l’origine du biais est l’accès limité aux soins de santé parmi les minorités ethniques et les femmes immigrantes. 

Dans ces études, les mères immigrantes et latino-américaines avaient systématiquement des taux plus faibles de traitement antidépresseur et des taux plus faibles de diagnostic d'autisme chez leurs enfants, explique-t-il. Ce n'est pas surprenant, car ces groupes minoritaires sont connus pour avoir un accès plus limité aux soins de santé, y compris le traitement de la dépression et une évaluation diagnostique minutieuse des comportements inquiétants chez un enfant”, poursuit-il. 

“Des préoccupations commerciales et cliniques”

Autre observation intéressante : les études familiales éliminaient le problème des préjugés en comparant les enfants ayant été exposés à des antidépresseurs ou atteints de TSA avec leurs frères et sœurs non exposés à des antidépresseurs ou qui n’étaient pas malades. Une fois le biais ethnique éliminé, les études familiales n’ont révélé aucune association entre l'utilisation prénatale d'antidépresseurs et l'autisme, assure Newport.

Cela devrait nous rappeler que, bien que les bases de données des assurances et les registres nationaux aient l'avantage de compter un grand nombre de participants, leurs données ne sont pas recueillies pour répondre aux questions de la recherche, mais pour gérer les préoccupations commerciales et cliniques, dénonce-t-il. Heureusement, les résultats de cette méta-analyse montrent qu'avec des plans d'étude réfléchis, les chercheurs peuvent surmonter les biais souvent rencontrés lors de l'utilisation de telles bases de données.”

Les antidépresseurs ne sont pas les seuls médicaments ayant été associés à l’autisme de l’enfant. Certains antiépileptiques administrés à la mère pendant la grossesse, comme la Depakine, ont également été montrés du doigt par la science. Mais dans l’ensemble, à l’exception des naissances prématurées, facteurs de risque officiellement reconnus et importants de l’autisme, ses origines environnementales restent assez floues.