Le 11 mai est enfin arrivé: la date confirmée le 7 mai par Édouard Philippe annonce le début du déconfinement dans l'hexagone et un retour progressif à une vie “normale” pour des millions de Français. Pour l'instant, les chiffres du coronavirus en France font état de 26 380 décès, dont 16 642 hospitaliers, et 139 063 cas de Covid-19 confirmés.
Sur les 96 038 personnes hospitalisées dans le pays depuis le début de la crise sanitaire, 22 569 étaient encore en cours d'hospitalisation le 10 mai, tandis que Santé publique France dénombrait 56 217 retours à domicile.
Nombre de décès supplémentaires en 24 heures : une évolution en dents de scie
Plus précisément, l'agence du gouvernement recensait 2 776 individus touchés par le SARS-CoV-2 hospitalisés en réanimation. Un nombre élevé, d'autant qu'en comptant les malades en réanimation pour d'autres pathologies, ces services accueillent toujours un nombre de patients supérieur aux capacités initiales d'environ 5 000 places. Ainsi, le taux d'occupation atteint 127%, selon un communiqué du ministère de la Santé.
Pour le jour J du déconfinement, il semble également important de noter que le nombre de décès supplémentaires en 24 heures évolue en dents de scie depuis le début du mois. En effet, il atteignait le chiffre de 278 le 6 mai, contre 330 le 5, 306 le 4, 135 le 3, 166 le 2, et, enfin, 218 le 1er mai. Toutefois, il s'est également établi à un niveau extrêmement bas hier, avec 70 nouveaux décès atteints en 24 heures, soit le plus faible bilan quotidien depuis le début du confinement.
Carte du déconfinement : les implications des couleurs encore floues
Autre donnée à prendre en considération pour avoir une meilleure compréhension de la situation : la carte de déconfinement. Provisoire et évolutive depuis sa mise en place le 30 avril, elle est devenue définitive le jeudi 7 mai. Jusque là, cette synthèse de deux indicateurs de l'activité épidémique — la tension hospitalière sur les capacités en réanimation et la circulation active du virus — classait les départements selon trois couleurs : vert, orange et rouge.
Depuis le jeudi 7 mai, les départements en orange sont devenus verts ou rouges, selon leur activité épidémique. Au 6 mai, la carte comptait 27 départements en rouge – comme la veille – 23 en orange, contre 24 le 5 mai, et 51 en vert, contre 50 la veille. La seule évolution concernait ainsi la Sarthe, passée de l'orange au vert, "en raison d'une diminution de la circulation du virus".
Néanmoins, les implications de la couleur attribuée à un département restent floues. "La seule différence formulée par le Premier ministre, lors de son discours le 28 avril devant l'Assemblée nationale, concerne les parcs et les jardins qui ne pourraient pas être rouverts dans les zones classées en rouge", a déclaré Pierre Monzani, le directeur général de l'Assemblée des départements de France, au Point, le 6 mai.
Les 3 premiers cas identifiés le 24 janvier en France
Difficile de réaliser que la crise sanitaire a véritablement débuté il y a seulement deux mois et demi en France. Alors que le premier cas de Covid-19 a été détecté en Chine, à Wuhan, le 17 novembre 2019, les trois premières personnes infectées dans l'Hexagone ont été identifiées le 24 janvier. Il s'agissait de deux touristes chinois ayant séjourné à Wuhan et d'un Français d'origine chinoise. A ce moment-là, alors que l'épidémie s'accélère en Asie, la Mairie de Paris décide d'annuler le Nouvel An chinois qui devait se tenir le 26 janvier dans la capitale.
Tandis que l'exécutif multiplie les réunions à la fin du mois, le 28, l'Union européenne déploie le dispositif pour une réaction politique en situation de crise (IPCR), permettant un meilleur partage d'informations entre les États membres. Elle sera suivie par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) le 30 janvier, qui déclare "l'urgence de santé publique de portée internationale".
Le rassemblement évangélique de Mulhouse du 17 au 21 février, point-clé de l'épidémie
Les évènements s'enchainent à grande vitesse. Les Français à l'étranger commencent à être rapatriés, puis le pays enregistre son premier mort le 14 février : il s'agit de l'un des touristes chinois arrivés le 23 janvier. Ensuite, le rassemblement évangélique de l'Église Porte ouverte chrétienne à Mulhouse, du 17 au 21 février, sera un point tournant dans la propagation du SARS-Cov-2 dans le pays.
Sur les 2 000 à 2 500 personnes réunies, plus d'un millier seront contaminées. Le retour des fidèles chez eux donnera lieu à un important foyer épidémique dans la région Grand Est. Quelques jours après, dans la nuit du 25 au 26 février, le premier Français décède des suites du Covid-19. Il s'agit d'un sexagénaire, dans l'Oise.
“La vie continue”, déclarait Emmanuel Macron le 4 mars
Cette date marquera le début de nouvelles contaminations : du 25 au 29 février, 100 individus ont été testés positifs au Covid-19, dont 36 dans l'Oise, qui devient le principal foyer de contamination. L'exécutif prend des mesures : il ferme les écoles des communes touchées et interdit les rassemblements. À l'échelle nationale, les manifestations de plus de 5 000 personnes en milieu fermé sont proscrites.
Tout a basculé au mois de mars. Si le 4, Emmanuel Macron, de sortie au théâtre, déclarait : “La vie continue. Il n’y a aucune raison, mis à part pour les populations fragilisées, de modifier nos habitudes de sortie", le nombre de décès augmentait dès le lendemain, pour atteindre le chiffre total de sept. Des mesures restrictives sont prises dans le Haut-Rhin, devenu un foyer important de l'épidémie, puis les rassemblements de plus de 1 000 personnes sont interdits en France dès le 9 mars.
Emballement de l'épidémie à la mi-mars
Après la création du Conseil scientifique Covid-19 le 10 mars, le président de la République évoque “la plus grave crise sanitaire depuis un siècle” le 12. Il annonce ainsi la fermeture des crèches, écoles, collèges, lycées et universités. L'épidémie s'emballe : au 15 mars, Santé publique France dénombrait 5 423 cas confirmés, dont 400 graves, ainsi que 127 décès hospitaliers – les morts en Ehpad et autres établissements médico-sociaux n'étaient pas encore comptabilisés.
L'escalade se poursuit, poussant le gouvernement à activer le stade 3 le 14 mars, puis à annoncer la mise en place du confinement le 16, lors d'une allocution télévisée d'Emmanuel Macron. Le bilan se porte alors à 6 633 cas confirmés et 148 décès en milieu hospitalier. Le lendemain, à 12 heures, le confinement entre en vigueur. La France passe la barre des 10 000 cas confirmés le 19 mars avant de franchir celle des 15 000 seulement trois jours plus tard, quand 674 décès en milieu hospitalier sont à déplorer.
La barre des 20 000 décès franchie le 20 avril
Alors que les Français s'adaptent aux pratiques mises en place pour limiter la propagation du Covid-19, le bilan s'aggrave de jour en jour. La barre des 3 000 décès à l'hôpital est franchie à la fin du mois, tandis que la région Île-de-France devient la plus touchée. Le 6 avril, les décès enregistrés dans les Ehpad sont intégrés au bilan : depuis le début de la crise sanitaire, ils s'élevaient à 2 417 morts.
Ainsi, dès le 7 avril, le seuil des 10 000 décès liés au virus est franchi. Le 13 avril, le président de la République annonce la prolongation du confinement jusqu'au 11 mai. Pendant ce temps, l'épidémie culmine, avec 762 décès enregistrés entre le 13 et le 14 avril, portant le bilan à 15 729 morts. La barre des 20 000 sera franchie six jours plus tard, avec 20 265 décès.
Une baisse durable du nombre d'entrées en réanimation depuis le 8 avril
En marge de ces chiffres préoccupants, les services de santé observent à la fin du mois d'avril une baisse durable du nombre d'entrées en réanimation. Une tendance visible depuis le 8 avril. Il s'agit d'un indicateur clé, qui confortera le gouvernement dans sa volonté de déconfiner les Français dès le 11 mai. Néanmoins, la réouverture des classes fait toujours débat, avec, en toile de fond, la menace d'une deuxième vague.