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Covid-19

Pharmacies : la vente de masques aux particuliers était autorisée depuis fin mars

Par Mégane Fleury

Les pharmaciens pensaient qu'ils ne pouvaient fournir en masques que les professionnels de santé. Un décret les autorisait en réalité à vendre des masques au grand public depuis la fin du mois de mars !

Jun/istock
Les pharmaciens pensaient que les masques étaient réservés aux professionnels de santé
Une amende était même prévue pour ceux qui ne se pliaient pas à cette règle largement relayée par les autorités
Cette mesure ne visait en fait que les masques fabriqués en France, pas les produits importés

Les masques sont l’objet d’une nouvelle polémique en France. Après les interrogations sur les stocks présents avant l’épidémie, les pharmaciens découvrent qu’ils auraient pu en vendre aux particuliers dès la fin du mois de mars. Des équipes de la rubrique "L’œil du 20 heures" sur France 2 l’ont constaté jeudi 7 mai.

La vente de masques importés autorisée

Mi-mars, les déclarations gouvernementales indiquent que les masques doivent être réservés aux professionnels de santé, et qu’il est donc impossible pour les particuliers de s’en procurer en pharmacie. Les pharmaciens se plient à la règle, sous peine d’une amende de 10 000 euros voire de six mois de prison.
Le site Reflets révèle qu’en réalité, un décret, publié le 23 mars au Journal Officiel, les autorisait à le faire. Les différents articles du texte expliquent que les masques présents sur le territoire, ou produits sur celui-ci, sont obligatoirement réquisitionnés, en revanche, les masques importés ne le sont pas forcément.
"Des stocks de masques importés peuvent toutefois donner lieu à réquisition totale ou partielle, par arrêté du ministre chargé de la santé, au-delà d’un seuil de cinq millions d’unités par trimestre par personne morale, précise le texte. Le silence gardé par ce ministre plus de soixante-douze heures après réception d’une demande d’importation adressée par cette personne ou l’importateur fait obstacle à la réquisition." Cela signifie que les masques importés, en l’absence de réquisition à leur arrivée sur le territoire, peuvent être vendus dans les officines. 

Des informations contradictoires 

"Il y a beaucoup de pharmaciens qui tout à coup découvrent qu'on leur a menti depuis le 24 mars," explique Me Fabrice Di Vizio, avocat de certains pharmaciens, à France 2. Une grossiste en matériel médical confie qu’elle a essayé de vendre des masques à ses clients en leur présentant le décret et l’avis de son avocat, sans succès : "On s'est retrouvés avec un Conseil de l'Ordre et des syndicats qui eux disaient aux pharmaciens : 'la consigne est de privilégier les soignants et de ne pas vendre de masques’." Une position confirmée par la présidente de l’Ordre des pharmaciens, Carine Wolf-Thal. Elle a déclaré à France 2 : "Nous avons suivi la consigne du ministère de la Santé, mais qui certes n'a pas force de loi. Nous avons donc demandé aux pharmaciens de ne pas vendre ces masques chirurgicaux afin de les réserver aux professionnels de santé."   

Des masques nécessaires à partir du 11 mai 

À l'approche du déconfinement, les Français ont désormais accès aux masques dans les pharmacies et supermarchés. À partir de lundi 11 mai, leur port devient obligatoire dans les transports en commun pour les plus de 11 ans et pour certains écoliers, selon les âges. Il peut aussi l’être sur le lieu de travail. Certains commerçants pourront également conditionner l’entrée dans leur magasin au port du masque.