- La détection de nouveaux cas de Covid-19 et la recherche des cas-contacts fait polémique
- L'Assurance Maladie est accusée de non respect du secret médical et de pousser à la délation
- Son directeur, Nicolas Revel, rappelle les garanties posées sur ces points dans l'organisation de cette procédure
"On passe à côté de la gravité de la situation !". Le patron de l'Assurance Maladie ne mâche pas ses mots face à la polémique née de la mise en place d'un dispositif de détection des nouveaux cas de Covid-19 et de recherche des "cas contacts" pour toute personne déclarant la maladie. Depuis la présentation de ces mesures consistant à identifier les personnes récemment côtoyées par les malades, de nombreux sites internet parlent de secret médical "bafoué" et dénoncent la mise en place de fichiers de patients. Autrement dit, le respect de notre anonymat et de nos libertés individuelles serait piétiné par une forme de "dictature sanitaire".
Rappelons de quoi il s'agit. A partir de la date de début du déconfinement, toute personne présentant les symptômes de la Covid-19 doit, sur prescription de son médecin, réaliser un test. Si ce test est positif, le laboratoire doit prévenir le patient, son médecin et c'est ce dernier qui signale le cas de Covid-19 à l'Assurance Maladie. A partir de là, le patient est prié de s'isoler et peut communiquer à son médecin ou au personnel de l'Assurance Maladie les noms et coordonnées de personnes qu'il a côtoyées dans les jours précédant le diagnostic. A ce moment-là, ces personnes sont invitées se faire tester et à s'isoler puisqu'elles sont potentiellement contagieuses.
Secret médical et données de santé
Première réaction, y compris parmi les médecins : le secret médical serait bafoué par la transmission des informations sur le patient à l'Assurance Maladie. "Je comprend que l'on puisse se poser cette question, réplique Nicolas Revel, le patron de la Sécu. Mais les médecins savent très bien que nous traitons au quotidien des informations couvertes par le secret médical et que l'Assurance Maladie est gardienne de ce secret depuis 75 ans !". Et le directeur général de la CNAM d'ajouter que la seule donnée recueillie dans le cadre de ce dispositif, "c'est le test positif à Covid-19, le reste ne nous intéresse pas !".
Deuxième critique formulée vis-à-vis de cette procédure de recherche des cas-contacts, sa ressemblance avec une forme de délation. "Scandaleux, indécent !, s'indigne Nicolas Revel, il s'agit d'une crise sanitaire avec des médecins qui jouent leur rôle de protecteurs de la santé publique en contribuant à casser la chaîne de contamination; le seul moyen de casser cette chaîne, c'est de retrouver les personnes qui ont été en contact avec les malades".
Absence de contrainte
Alors, quelles sont vraiment les "obligations" du patient ou de son médecin sur ce sujet ? En fait, il n'y en a aucune. Le texte qui organise ce dispositif prévoit en effet que le patient n'est en aucun cas obligé de répondre à la question sur les personnes côtoyées avant son diagnostic, qu'il peut répondre en exigeant que l'anonymat des personnes citées soit respecté et que les personnes en question ne sont jamais contraintes à se faite tester et encore moins à accepter d'être placées en isolement.
"Le virus est toujours là, nous n'en sommes pas sortis, rappelle Nicolas Revel. On n'y arrivera que si tout le monde tire dans le même sens !". Et, comme pour clore le débat, le patron de l'Assurance Maladie précise que l'ensemble des données recueillies lors de cette procédure de détection des malades et de recherche des cas contacts ne seront conservées que durant trois mois sur le serveur du système Contact-Covid de l'Assurance Maladie.
Ci-dessous, l'interview de Nicolas Revel par le Dr Jean-François Lemoine :