ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Coronavirus : une carence en vitamine D pourrait favoriser les complications

Le plein de soleil

Coronavirus : une carence en vitamine D pourrait favoriser les complications

Par Raphaëlle de Tappie

Les personnes atteintes du Covid-19 et souffrant d'une carence en vitamine D ont deux fois plus de risques de développer une forme grave de la maladie que les autres, ont découvert des chercheurs. 

Photka/iStock

Maintenant que le confinement est fini, faites-le plein de soleil. Pas seulement pour le moral, mais aussi pour mieux lutter contre le coronavirus. Récemment, une étude avait montré une association entre faibles niveaux de vitamine D et sensibilité aux infections aigües des voies respiratoires. Aujourd’hui, de nouveaux travaux vont dans le même sens. D’après les chercheurs de l’université Northwestern (Etats-Unis), les patients atteints du Covid-19 déficients en vitamine D ont deux fois plus de risques de développer une forme grave de la maladie que les autres. Aussi, si des niveaux corrects de vitamine D ne préviendraient pas d’attraper le Covid-19, ils pourraient protéger de complications graves. Pour l’heure, ces résultats n’ont pas encore été validés par des experts. 

Pour leur étude, les chercheurs ont réalisé une analyse statistique de données issues d’hôpitaux et de cliniques de plusieurs pays tels que la Chine, l’Iran, les Etats-Unis et la France. Ils ont ainsi pu remarquer une corrélation significative entre taux de mortalité et carence en vitamine D. En effet, ils ont observé un lien très important entre les niveaux de vitamine D chez les patients et la “tempête de cytokine”. Cette dernière caractérise une condition hyper inflammatoire causée par un système immunitaire hyperactif. On l’observe chez les personnes atteintes de formes sévères de Covid-19 et elle semble être à l’origine de la mort de la plupart d’entre eux.  

Aussi, la vitamine D pourrait empêcher notre système immunitaire de devenir dangereusement hyperactif en modulant la réponse des globules blancs et en empêchant de libérer trop de cytokines inflammatoires, avancent les chercheurs. “Cela ne signifie pas que nous devrions tous prendre des suppléments de vitamine D. Mais ces données pourraient éclairer le mécanisme de la mortalité liée au Covid-19 et pourquoi pas, conduire à de nouvelles cibles thérapeutiques”, commente Vadim Backman, chercheur à l’université Northwestern dans un communiqué. Par conséquent, un taux sain de vitamine D “n'empêchera pas un patient de contracter le virus, mais cela pourrait réduire les complications et prévenir la mort chez ceux qui sont infectés", poursuit-il. 

Définir une “dose bénéfique”  pour mieux lutter contre le Covid-19

Selon le chercheur, cette corrélation entre vitamine D et tempête de cytokine pourrait entre autre expliquer pourquoi les enfants ont moins de risques de mourir du Covid. En effet, les petits ne disposent pas encore d'un système immunitaire pleinement développé “qui constitue la deuxième ligne de défense du système immunitaire et qui est plus susceptible de réagir de manière excessive”, est-il expliqué dans le communiqué. En conclusion, si des études supplémentaires sont nécessaires pour déterminer le mode d’action de la vitamine D dans le cas spécifique du Covid-19 dans l'espoir de définir une “dose bénéfique”, “il est clair que la carence en vitamine D est nocive, et elle peut être facilement traitée avec une supplémentation appropriée. Cela pourrait être une autre clé pour aider à protéger les populations vulnérables, telles que les Afro-Américains et les personnes âgées, qui ont une prévalence de carence en vitamine D.”

Cette étude va dans le même sens que les travaux des chercheurs de l’université Anglia Ruskin et de l’hôpital Queen-Elizabeth (Royaume-Uni) . Les taux de mortalité dus au Covid-19 en Italie et en Espagne sont plus élevés que dans les pays scandinaves, ont remarqué les chercheurs. Pour eux, cela pourrait s’expliquer car dans les pays du Nord, la population guette avidement le soleil et consomme beaucoup d’huile de foie de morue (aliment riche en vitamine D) tandis que les sudistes, surtout âgés, cherchent en permanence à se protéger de la chaleur.

Où trouver de la vitamine D ?

En France, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a récemment publié des recommandations pour nous encourager à consommer de la vitamine D pour éviter un affaiblissement de notre système immunitaire en cette période de crise sanitaire. Rappelons que la vitamine D est entre autre réputée pour protéger les os et ralentir la progression du diabète de type 2 ainsi que de certains cancers (du sein, colorectal…). “L’Anses rappelle l’importance de veiller à un apport suffisant en cette période de confinement mais aussi tout au long de l’année, notamment pour les personnes âgées, les personnes à peau mate voire foncée et les femmes ménopausées. En effet, une insuffisance prolongée pour ces populations entraine une santé osseuse fragile, augmentant alors les risques de fracture ainsi qu'une immunité affaiblie”, notait notamment l’Anses sur son site le 17 avril.

Si la plupart d’entre nous ont peu vu le soleil pendant le confinement, il est possible de trouver de la vitamine D dans certains aliments, surtout gras. Elle est par exemple présente dans les poissons de type sardine, saumon ou maquereau, dans les abats, le jaune d’œuf, le beurre et le fromage. Et si, même le déconfinement entamé, vous craignez encore vous balader à l’air libre tous les jours, pensez à exposer au soleil mains, avant-bras et visage au moins quinze à vingt minutes chaque jour pour faire le plein.