Tout comme l'obésité, la santé bucco-dentaire reste un marqueur d'inégalités sociales, et cela dès le plus jeune âge ! Dans une étude publiée ce mercredi sur la santé dentaire des enfants, la Drees (1) révèle que même si la situation globale des dents s'améliore nettement depuis vingt ans, des disparités selon le milieu social des parents se sont maintenues.
Un recours au dentiste insuffisant
Alors que 79 % des enfants âgés de 5 à 15 ans dont la mère est cadre ont consulté un dentiste dans les douze derniers mois, ce pourcentage atteint péniblement les 60 % chez les enfants d’ouvrières.
Cette fréquence augmente aussi progressivement selon le diplôme de la mère. La proportion d’enfants ayant vu un dentiste dans l’année passe ainsi de 62 %, lorsque la mère est sans diplôme, à 76 % lorsqu’elle est diplômée de l’enseignement supérieur. Enfin, on note que ce taux est au plus bas chez les enfants (56 %), lorsque la personne de référence du ménage est au chômage.
Mais, au final, aucun parent ne respecte à la lettre les recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) qui préconisent une visite de contrôle annuelle chez le chirurgien-dentiste pour les adultes comme pour les enfants, dès l’apparition des dents de lait.
Une méconnaissance des dispositifs
Pour remédier à ces inégalités sociales de recours aux soins dès l’enfance, un programme de prévention a été mis en place par l’Assurance maladie en 2007. Il propose des consultations gratuites à différents âges de l’enfance et de l’adolescence.
Et, là encore, le recours à ces dispositifs varie de façon inégalitaire, toujours selon le groupe social des parents. En effet, 64 % des enfants dont la personne de référence du ménage est employée déclarent avoir participé à la visite au 6e anniversaire, contre 82 % des enfants de cadres ou professions intermédiaires.
Les inégalités sociales impactent la santé dentaire des enfants
D'après les études rapportées par la Drees, 8 % des enfants de cadres et 30 % des enfants d’ouvriers ont déjà eu au moins une carie à l’âge de 6 ans. En outre, en maternelle, 4 % des enfants de cadres ont au moins une carie non soignée, contre 23 % des enfants d’ouvriers. « Les inégalités de recours se traduisent par un repérage plus tardif des caries », précise le rapport. De même, les enfants scolarisés en zones d’éducation prioritaire ont deux fois plus souvent au moins, une carie non soignée.
Enfin, selon la Drees, ce constat est d'autant plus inquiétant que ces inégalités sociales dans l’enfance seront également pénalisantes pour la santé bucco-dentaire du futur adulte. La direction explique d’une part que, les habitudes de soins et de suivi régulier non prises dans l’enfance auront plus de mal à s’acquérir à l’âge adulte. Et d’autre part, qu'une identification précoce des problèmes dentaires permet d’éviter des traitements lourds et coûteux.
Alors, pour remédier à ces inégalités, elle rappelle que l’Assurance-maladie a lancé en 2007 le programme de prévention « M’T’Dents ». Il propose des consultations gratuites à différents âges de l’enfance et de l’adolescence. En 2010, près des trois-quarts des enfants de 6, 9 et 12 ans ont bénéficié de ce dispositif, mais là encore des écarts existent entre groupes sociaux ...
(1) Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques