Le Covid ? La Covid ? L’Académie française a fini par trancher : il faut dire la Covid. Car Covid est l’abréviation du terme anglais “Coronavirus disease” qui se traduit par “maladie du coronavirus”. Si l’acronyme est d’origine étrangère, dans la langue française, c’est le genre du mot principal qui compte. Or, maladie est un mot féminin. Aussi, “la” s’impose pour désigner “Covid”, explique l’Académie dans un communiqué paru sur son site le 7 mai.
“On dit la S.N.C.F. (Société nationale des chemins de fer) parce que le noyau de ce groupe, société, est un nom féminin, mais le C.I.O. (Comité international olympique), parce que le noyau, comité, est un nom masculin. Quand ce syntagme est composé de mots étrangers, le même principe s’applique. On distingue ainsi le FBI, Federal Bureau of Investigation, (Bureau fédéral d’enquête), de la CIA, Central Intelligence Agency, (Agence centrale de renseignement), puisque dans un cas on traduit le mot noyau par un nom masculin, bureau, et dans l’autre, par un nom féminin, agence”, expliquent également les académiciens.
Toutefois, si on devrait dire “la Covid19, puisque le noyau est un équivalent du nom français féminin maladie”, pourquoi “l’emploi si fréquent du masculin : le Covid-19”, s’interroge l’Académie ? En effet, force est de constater que depuis l’apparition de l’épidémie de coronavirus, le masculin s’est imposé, que ce soit dans les médias, le gouvernement ou chez les médecins. “Le 10 mars 2020, tous les pays de l'Union européenne sont désormais touchés par le Covid-19. Le 11 mars 2020, l’OMS annonce que le Covid-19 peut être qualifié de pandémie, la première déclenchée par un coronavirus”, est-il notamment écrit sur le site de l’Institut Pasteur.
“Distanciation sociale” ne passe pas non plus
“Parce que, avant que cet acronyme ne se répande, on a surtout parlé du corona virus, groupe qui doit son genre, en raison des principes exposés plus haut, au nom masculin virus. Ensuite, par métonymie, on a donné à la maladie le genre de l’agent pathogène qui la provoque”, explique l’Académie. Toutefois, “il n’en reste pas moins que l’emploi du féminin serait préférable et qu’il n’est peut-être pas trop tard pour redonner à cet acronyme le genre qui devrait être le sien”, conclut-elle.
L’Académie n’est pas friande non plus de l’expression “assez peu heureuse” de “distanciation sociale”, la traduction française du fameux “social distancing”. En effet, le terme “distanciation”, est censé désigner “le refus de se mêler à d’autres classes sociales”, explique l’Académie. Or, “on suppose pourtant que ce n’est pas le sens que l’on veut donner aujourd’hui à ce nom”, ironise-t-elle. C'est d'ailleurs sans doute afin d'éviter les qui pro quo de ce genre que le gouvernement se met depuis quelques semaines à parler de “distanciation physique” et non plus “sociale”.
“Peut-être aurait-on pu parler de ‘respect des distances de sécurité’, de ‘distance physique’ ou de ‘mise en place de distances de sécurité’”, suggère donc l'Académie, qui n'a pas encore donné son opinion sur le mot “déconfinement”, que Word continue d'ailleurs à souligner en rouge…