“Il faut se faire à l'idée de vivre avec !” Mahasti Saghatchian, spécialiste du cancer du sein à Villejuif, ne cache pas les conséquences du cancer du sein métastatique sur ses patientes. Pourtant, elle refuse de le considérer autrement que comme une maladie chronique. “On dispose aujourd'hui de traitements de moins en moins toxiques et qui sont de plus en plus ciblés, donc de plus en plus efficaces”, précise-t-elle en osant la comparaison avec une pathologie comme le diabète dont on ne guérit pas, qu'il faut surveiller et traiter en permanence mais avec laquelle on peut mener une vie personnelle et professionnelle presque normale.
Il est vrai que si aucun traitement ne permet encore d'aboutir à la guérison dans le cancer du sein métastatique, c'est sur la qualité de vie des patientes que les progrès les plus importants ont été faits ces dernières années. Au point que certains d'entre elles peuvent vivre plus de 20 ans avec un tel cancer et, comme le souligne Mahasti Saghatchian, “mourir d'autre chose que leur cancer du sein.”
Un meilleur contrôle de la maladie
Longtemps, ce type de cancer du sein a pourtant été accompagné d'un pronostic peu favorable. D'une part, les campagnes de dépistage ont permis de prendre en charge de façon plus précoce de nombreux cancers du sein, avant qu'ils ne dégénèrent en cancer métastatique. D'autre part, les traitements comme les soins support ont permis un meilleur contrôle de la maladie.
Une maladie qui peut apparaître de deux manières: soit après un cancer du sein localisé et traité parfois jusqu'à la rémission mais qui récidive quelques années plus tard sous cette forme métastatique, c'est-à-dire que la tumeur qui se trouvait dans le sein a migré vers d'autres organes à travers lesquels elle réapparaît, soit dès le diagnostic parce qu'il a été trop tardif ou que la tumeur est très agressive. C'est ce que l'on appelle le cancer métastatique “d'emblée”. Dans les deux cas, les organes de prédilection de la tumeur sont les os, les poumons, le foie ou le cerveau. Ces métastases doivent être traitées non pas comme un cancer de l'organe dans lequel elles se sont développées, mais bien comme une extension d'un cancer du sein.
Des traitements dans la durée
Des traitements que les patientes doivent accepter de suivre dans la durée. “Il est nécessaire de traiter cette maladie sans jamais s'interrompre, sinon elle continue d'évoluer”, explique Mahasti Saghatchian, qui parle de “cheminement de longue haleine” pour qualifier la prise en charge de ce cancer métastatique. Une démarche qui implique le cancérologue, mis aussi le médecin traitant… et la famille. “Dans ces situations, il est très important d'impliquer la famille, il s'agit d'une maladie complexe, dans laquelle les traitements peuvent être amenés à changer, qui nécessite des soins physiques mais aussi cosmétiques, il est important que chacun comprenne bien tous les enjeux”, souligne la cancérologue.
Ci-dessous, l'émission Questions aux Experts avec le dr Mahasti Saghatchian :